Les avocats anglophones font partie des meneurs qui ont poussé au soulèvement populaire à Bamenda, dans le Nord-Ouest du Cameroun ces derniers jours. Ils protestent contre l'application dans leur zone géographique d'un mode juridique à forte coloration francophone. Leurs revendications, ajoutées à celles des enseignants de la même partie du pays, ont ravivé les ressentiments à l'égard du pouvoir de Yaoundé et à un appel à un retour au fédéralisme.
Voici un mois que les avocats anglophones ont quitté les prétoires en guise de protestation, décidés qu’ils sont à faire plier Yaoundé sur des revendications qu’ils jugent essentielles à l’exercice de leur métier. Ils se disent ainsi soucieux de préserver un système juridique d’inspiration anglo-saxonne, là où pensent-ils, le pouvoir central voudrait les pousser vers une certaine assimilation.
Maître Henri Kamendé, membre du Barreau de l’Ordre national des Avocats du Cameroun : « Les avocats observent comment les choses évoluent. De temps en temps, ils voient comment les lois – surtout les lois, les traités internationaux – tombent sur eux comme la plume, sans qu’ils participent à la fabrication de ces lois-là. On [y] trouve que la langue d’expression doit être seulement le français. Et quand on regarde les signataires de ce traité, notre ministre a signé. On se demande : est-ce qu’en signant ça, il a oublié le fait que le Cameroun est un pays bilingue ? ».
Outre l’exigence, la stricte application de la « Common Law » dont ils maîtrisent mieux les spécificités, ces avocats ont par ailleurs repris à leur compte un appel au retour au fédéralisme dans le mode d’administration du pays : « Tant qu’on n’a encore harmonisé nos deux systèmes, il faut qu’un système soit distingué de l’autre ». Un discours auquel Yaoundé est pour le moment hermétique.