Actualités of Thursday, 4 May 2017

Source: quotidienlemessager.net

Les échecs d'Alamine Ousmane Mey au MINFI

Alamine Ousmane Mey, ministre des Finances Alamine Ousmane Mey, ministre des Finances

Le ministère des Finances est dans une grosse impasse.

L’escalade de la corruption, par le biais des retenues, retro-commissions, prélèvements et divers chantages sur les pourcentages à verser avant tout traitement de dossier ont refait surface.

Le phénomène est d’autant plus vicieux, que la gangrène a fini par étrangler même les dossiers des démembrements de l’administration publique.

1-Le calvaire des usagers Jeudi, 27 avril 2017

Rendu à 72 heures de la commémoration du 1er mai, journée internationale du travail, sept directeurs de publication des organes de presse, font un sit-in à la paierie générale. Arrivés assez tôt, dans ce démembrement du ministère des finances, ils ont décidé de ne quitter les lieux qu’après avoir obtenu, les confirmations certaines, du virement des sommes d’argent, en payement des services de régularisation des espaces qu’ils ont concédés, à la faveur de la publication du journal des projets.

« Le travail a été fait, publié et depuis lors, classé dans les registres et les archives de nos organes de presse. Mais nous courons toujours après la régularisation de cette dette financière. Toutes les étapes ont été franchies, jusqu’à la paierie générale où, l’attente devient de plus en plus longue, au prétexte, qu’il n’y a pas d’argent », s’indigne un directeur de publication. Comme lui, ses compagnons de fortune ont du négocier, avaler des couleuvres, aller de bureau en bureau, arguant la colère et le mécontentement de leurs personnels, qui attendent le payement de cet argent pour faire la fête du travail.

Après la longue attente, le sit-in a finalement payé ; les directeurs de publication sont sortis, le sourire aux lèvres. Bien avant ces tribulations des patrons des organes de presse, comment ne pas marquer l’escale, sur la « tragédie » de l’Assemblée nationale. Le président de cette institution, Djibrill Cavaye Yegue, a au quotidien, lors de la dernière session parlementaire, transpiré à grosses gouttes, de mécontentement, d’indignation ; il a tempêté, exercé plusieurs pressions, lorsqu’il a fallu obtenir le déblocage des sommes d’argent budgétisées, au bénéfice de chambre basse.

Autre cliché, le traitement des dossiers liés à la dotation en carburant des privilégiés, éligibles à cette manne qui parfois, vient du ciel. Dans certains bureaux et services du ministère des Finances, les sites de traitement des cartons de carburant, sont considérés comme de véritables cimetières. Selon que le bénéficiaire veut du clinquant ou le reversement de ses dossiers dans des stations d’essence, le traitement de ces dossiers, est soumis à des négociations, moyennant des pourcentages, des reversements des commissions. Les stations services : « Total » et « Tradex », sont des plus prisées par l’administration publique.

Inutile et peine perdue, de spéculer sur la nature des transactions et les différents tuyaux de la planque. « Les finances, les bénéficiaires des cartons de carburant et les stations d’essence ; ils sont un trio infernal d’acteurs qui évoluent comme dans une vie de couple à trois. Il est difficile de percer le mystère. En dépit des plaintes et des complaintes ; malgré les retards et les longues périodes d’attente, ils finissent par s’entendre. A l’instar d’un cercle vicieux, généralement, tout revient dans l’ordre », explique un agent du ministère des Finances. Notre source avoue, qu’il est impossible de se faire payer son carburant au ministère des Finances, sans « laisser des plumes ». La gourmandise des agents des finances va crescendo, selon que le bénéficiaire, est coincé par des urgences.

2-Paiements des prestations et marchés publics

Il ne fait pas bon de suivre son dossier à la Trésorerie générale, principalement dans les services de paierie. La colère, le mécontentement et l’envie d’en découdre avec un tiers, vous passe. « Quand on se lance sur les traces d’un dossier pourtant ayant traversé les différentes étapes, l’on peut difficilement perdre son sang froid ; surtout qu’il s’agit de retrouver le sien dans une compilation, un amas de papiers, achalandés de manière désordonnée, presque dans une forme d’abandon et d’une légèreté criarde » dénonce un usager. Après la traversée des chemins sinueux dans les services de contrôles ; une fois passée la galère à l’effet de l’obtention du bon d’engagement, le plus dur se trouve au niveau des services de la trésorerie générale. « La qualité de la dépense, selon qu’elle est juteuse ou pas, la « générosité », les « largesses » du « négociateur », sont des principes établis. Tortures, souffrances, supplices et divers chantages, qui hier étaient le lot des prestataires des services et opérateurs des marchés publics indépendants et privés, ont gangréné tout le monde. Les administrations publiques, n’échappent plus au rançonnement et aux retenues en termes de pourcentages.

Rencontré sur les lieux, le patron d’une administration dans un ministère, nous a avoué comment, il allait de porte en porte, des dossiers en attente de paiement en main. « A la trésorerie publique, on se comporte comme une administration à part. Pour être dans de bonnes grâces et se faire servir en toute célérité, il faut appartenir à des créneaux, des réseaux efficaces » s’indigne-t-il. La corruption a fait de tels grands bonds et des avancées spectaculaires, si bien que, à première vue, l’on vous balance un cinglant avis, du genre : « les caisses de la trésorerie sont vides. Les finances n’ont pas d’argent. Le peu d’argent qu’il y a va au financement de la guerre contre Boko Haram », vous lance un agent de la trésorerie centrale.

L’autre stratégie, ajoute un haut cadre de l’administration financière d’un ministère, consiste à ce que l’on vous propose, au moment des décaissements, à peine le 1/5 de la somme qui correspond, à l’exécution de vos travaux. « Nous avons obtenu tous les visas aux fins de décaissements d’une somme de quatre cent millions. A la trésorerie, on affirme de ne pouvoir, nous verser seulement 50.000.000fcfa. Jugez en vous-même ». Ce n’est pas le fait du hasard si, les piles, voire les montagnes de dossiers, encombrent les différents couloirs, les allées et les bureaux.

Abandonnés pêle-mêle sur le sol, les employés ne s’occupent que des dossiers dont ils tirent des avantages, des dividendes particuliers. Il existe, des réseaux diversifiés : le réseau du payeur général, le réseau de tel fondé ; le réseau de X… « Le règne des pourcentages fait de gigantesques bonds. Les administrations, généralement coincées, sont obligées, elle aussi de s’y soumettre ; quelquefois, acculées par des prestataires. Aucune administration ne peut s’y soustraire ; peu importe les urgences ; lorsque vous vous montrez pingres, incompréhensifs à leurs yeux, le refrain sur le manque d’argent, la sécheresse au niveau des liquidités, vous est opposé ; vous obligeant à glisser des dessous de table, à monnayer, à vous soumettre au rançonnement » explique un agent comptable.

3-Péril sur la loi de règlement

Une descente dans les services de la paierie, fait observer, dans la pile des dossiers, sur lesquels marchent les usagers et les employés se trouvent, curieusement ceux en attente de payement. C’est le cas des dossiers, pour la majorité engagés en 2015, qui ne sont pas payés, alors que les liasses complètes, suffoquent de poussière ; même que la loi de règlement est déjà votée au niveau du parlement. « Chaque année, au niveau du parlement, est votée, la loi des finances. A la fin de l’exercice, quand toutes les dépenses engagées sont payées et qu’il ressorte que les marchés, les prestations ont été régulièrement exécutées, il est à nouveau, voté la loi des règlements. On peut penser que la loi des règlements procède au recollement entre ce qui a été effectivement payé et ce qui a été effectivement exécuté. La loi des règlements ressort tous les payements exécutés. Quand elle est votée, cela sous-tend que l’exercice a été clôturé. Comment comprendre encore la course aux payements de 2015, alors que la loi de règlements a été votée au parlement ? Une bonne gestion des dossiers aurait permis d’inscrire ces dossiers non payés, dans le registre des reports dans le nouvel exercice. Cela devrait alors prendre une autre désignation » avoue un expert en matière des finances publiques.

Au niveau de la trésorerie générale, dans les différents services le taux de corruption, est infernal. La somme des dérives observées dans les réseaux et différents créneaux, rend la qualité des prestations approximatives, mal faites.

Devant l’abondance des tuyaux de la corruption, les affairismes, la course effrénée aux gains faciles ; les délits d’initié ; l’enrichissement illicite et sans cause ; l’on note l’état de siège en termes de la démotivation généralisée, le ralentissement sinon, l’arrêt des travaux, pour des prestations qui ne sont pas payées ; sinon, payées au rabais, après le rançonnement des tiers. « Tout le monde veut que les marchés soient exécutés à temps ; mais personne ne démantèle les réseaux qui font fortune, à la trésorerie générale. Si le ministre des Finances ouvre une véritable chasse à toutes ces poches de corruption, les caisses de l’Etat, la fortune publique et les trésoreries, se porteraient mieux. Personne ne veut hélas, donner un coup de pied à la calebasse » conclut un spécialiste des finances publiques. Et pourtant, officiellement, on lutte contre la corruption.