A l’Extrême-Nord du Cameroun, près de la frontière avec le Nigeria, tous les nouveaux élèves ainsi que leurs parents sont identifiés avant leur admission dans les établissements scolaires
Depuis peu, des dizaines d'établissements scolaires dans des villages camerounais situés tout au long de la frontière avec le Nigéria, fermés à cause des exactions commises par le groupe terroriste de Boko Haram, ont rouvert leurs portes pour la rentrée scolaire 2016-2017 dans la région de l’Extrême-Nord. Leur mot d'ordre pour cette rentrée: vigilance extrême et mesures sécuritaires sans failles.
A l’Extrême-Nord du Cameroun, près de la frontière avec le Nigeria, tous les nouveaux élèves ainsi que leurs parents sont identifiés avant leur admission dans les établissements scolaires.
Simon Laïbé, élève en classe de seconde au lycée de Mora, est un nouvel inscrit dans cet établissement éducatif. Avant d’intégrer sa salle de classe, il passe à la fouille : le contenu de son cartable est vérifié et son corps est palpé.
Comme lui, tous les autres élèves du lycée se soumettent au même rituel. « C’est pour éviter qu’un élève n’entre avec des armes ou qu’une bombe n’explose en classe », témoigne Laïbé.
A la fin d’août dernier, un attentat-suicide a fait quatre morts dans la ville de Mora. Bien que l’attentat n’ait pas été revendiqué, l’armée camerounaise y a vu la marque du groupe armé nigérian de Boko Haram. Depuis lors, la ville située à 70 kilomètres de la frontière avec le Nigeria, est considérée par les autorités administratives du Cameroun comme une «zone de conflit».
Le lycée de la ville de Mora est localisé dans cette région de l’Extrême-Nord du Cameroun qui partage sa frontière avec les Etats nigérians de Borno et d'Adamawa, deux fiefs de Boko Haram. Cette proximité n’est pas de tout repos pour une région en proie à diverses attaques attribuées au groupe extrémiste.
Des mesures spéciales ont donc été prises afin de limiter [i « l’infiltration d’individus suspects dans les établissements scolaires », selon le ministre camerounais des Enseignements secondaires, Ernest Ngalle Bibéhé.
« Nous avons demandé que les voies d’accès aux établissements scolaires soient réduites au strict minimum et que tout le monde soit systématiquement fouillé avant d’entrer dans l’enceinte du collège ou du lycée », explique le ministre.
Et Ngalle Bibéhé d’ajouter: « Nous avons prescrit la création de comités de vigilance qui seront progressivement mis en place de commun accord avec le conseil d’établissement, les enseignants et l’association des parents d’élèves, afin de contribuer à sécuriser les établissements scolaires des zones de conflit. Les membres de ces comités devront dénoncer toute personne étrangère ou suspecte auprès de l’administration ».
D'autres mesures ont été prises par le ministre des Enseignements secondaires, telle que l’identification de tous les nouveaux élèves. « L’année dernière, j’étais au lycée de Mogodé qui est à moins de 10 kilomètres du Nigeria, mais les cours étaient perturbés à cause de Boko Haram. Ma famille a décidé que je quitte ce lycée pour rejoindre un lycée un peu plus sécurisé », explique Simon Laïbé.
Avant de pouvoir s’inscrire, on lui a demandé d’indiquer l’endroit où il habite, d’identifier sa famille d’accueil et de donner leurs numéros de téléphone, fait-il remarquer. Sans ces identifications, il n’aurait pas pu accéder à ce lycée, a-t-il dit.
« Nous avons prescrit le contrôle minutieux des nouveaux élèves ainsi que la mise à jour du dossier personnel de chaque élève et enseignant, qu’on sache d’où ils viennent et quels sont les contacts téléphoniques de leurs proches », confirme le ministre camerounais des Enseignements secondaires Ernest Ngalle Bibéhé.
L’année dernière, 181 établissements scolaires, tous niveaux académiques confondus, situés près de la frontière avec le Nigeria, avaient été fermés pour cause d’insécurité. Pour le moment, plusieurs de ces établissements ont rouvert leurs portes. « Les autres le seront progressivement, au fur et à mesure que la situation sécuritaire le permettra », explique pour sa part la ministre camerounaise en charge de l’Education primaire, Youssouf Adidja Alim.