Lors d’un entretien à Equinoxe TV il y a quelques jours, le candidat déclaré a aussi levé un pan de voile sur le financement de sa future campagne, sa vision de la gouvernance, sans écarter le recours au soulèvement si la victoire veut lui être volée.
Deux semaines déjà que Akere Muna a fait sa déclaration de candidature à la présidentielle 2018. Après avoir clairement dévoilé ses intentions politiques, l’avocat et ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats du Cameroun n’aura pas attendu longtemps pour lever, il y a quelques jours, au cours d’un entretien à Equinoxe TV, un pan de voile sur son offre politique. Et c’est peu dire qu’il n’est pas tendre avec l’opposition.
« Je pense que ces partis ont fait preuve de naïveté. Ce qui a fait que le Cameroun rate son rendez-vous avec l’histoire. Les premières élections législatives donnaient les partis politiques de l’opposition majoritaires à l’Assemblée nationale. Comment se fait-il alors que le pays n’a pas changé ? Par le fait des uns et des autres de penser à eux-mêmes qu’à l’Etat. Dans la Constitution de 96, on parle de la limitation des mandats, ils étaient tous contents. Le mandat est limité après 14 ans, le président Biya se retire. Ils étaient tellement contents et pressés que personne n’a regardé le texte qui disait que par simple majorité, on peut changer la Constitution. C’est pour cela qu’en 2008 quand on a changé, ils n’avaient qu’à s’en prendre à eux-mêmes », lâche, un brin moqueur, cet homme de 65 ans.
Qui poursuit : « Ils devaient regarder la Constitution et s’assurer que l’essentiel était protégé. A mon avis, ils ont fait preuve de naïveté. Et cette incapacité de présenter un candidat unique m’a toujours choqué. Mais cette fois-ci, on va faire avec parce que le peuple lui-même va choisir son candidat unique.» Bien que la trouvant « naïve », l’ancien patron de la branche camerounaise de Transparency International devra pourtant faire avec cette opposition pour avoir une couleur politique, lui qui jusqu’ici n’a pas de parti. D’ailleurs, reconnait-il, « je vais être présenté par un parti. Dans le même ordre d’idées, si les partis politiques se mettent ensemble, m’invitent et me disent voilà la personne que nous voulons, voilà ses options, et nous pensons que selon tel ou tel critère, il est à même de porter le mandat, nous vous invitons à vous joindre à nous, je le ferai, juste pour le combat, c’est un objectif, pas le combat pour une personne ».
FINANCEMENT DE LA CAMPAGNE
Une campagne présidentielle a un coût, qui est très loin de se réduire à la caution exigée à chaque candidat, portée à 20 millions pour décourager les aventuriers. Pour sa part, Akere Muna, conscient de ne pas disposer d’une machine politique susceptible de mobiliser les financements, entend solliciter les populations pour soutenir ses visées sur Etoudi. « Je vais faire de cette campagne la toute première financée par le peuple. C’est la seule façon de connaître l’intérêt des gens, c’est la seule façon de les amener à s’engager, à surveiller pour que ce pourquoi ils ont payé ne soit pas volé. On est en 2017, ils ont les téléphones, je vais faire appel à eux. Vous prenez votre téléphone, Orange money, MTN money, et ça peut financer. C’est ce que me disent mes conseillers. »
Le montant que tout citoyen sera appelé à envoyer par ce moyen sera de 200 FCFA. « Pas plus », dit Akere Muna pour qui le montant collecté par ce canal sera synonyme de rejet ou non de sa candidature. Il compte également sur ses réserves financières et divers appuis de ses amis.
VIOLENCES
Akere Muna n’écarte pas trop l’hypothèse d’un recours à la violence s’il a la conviction que son vote veut lui être dérobé. « Je pense que 2018, c’est l’occasion à ceux qui gèrent la chose publique de savoir qu’ils n’ont pas le droit de frustrer le peuple dans son choix. S’ils le font, ils auront affaire avec le gourou du peuple », lâche-t-il, ferme, en prenant les exemples du Burkina, de l’Egypte et de la Tunisie. Akere Muna confesse avoir toujours regardé avec dédain chaque réception d’une équipe nationale au palais présidentiel. Pour lui, c’est un exemple à ne pas reproduire ou à réorienter.
Au lieu de recevoir les sportifs, pense-t-il, il serait de bon ton de recevoir les dix meilleurs élèves et les dix meilleurs étudiants de chaque Région. Le chômage constitue une vraie épine au pied de nombreux gouvernements du monde. Même ayant à sa tête un excellent homme d’affaires, les Etats-Unis éprouvent du mal à endiguer la rareté de l’emploi. Mais pour Akere Muna, « le chômage, c’est le plus simple. Il faudrait que le travail soit récompensé. Je vois les choses différemment. Nous avons un pays où on a l’impression que des fois, c’est les médiocres qui avancent. »
ECONOMIE
Certains pays du continent, à l’instar du Maroc, tirent une bonne partie de leurs ressources du tourisme. Mais Akere Muna envisage une autre manière de le promouvoir au Cameroun. « Le tourisme, qu’est-ce qu’on fait ? On n’a pas besoin d’un ministre du Tourisme, on a besoin d’un commissaire. Mais le tourisme doit être décentralisé. Il faudrait que les gens gèrent ça à leur niveau par un conseil lié à la municipalité ou à la région autonome ou bien à l’Etat fédéré», dit le candidat déclaré qui envisage diriger le pays avec une trentaine de ministres.
Durant tout le règne du renouveau, Akere Muna n’aura pas été très éloigné du pouvoir de Yaoundé qu’il trouve seulement aujourd’hui trouve inefficace pour n’avoir pas construit une autoroute entre Douala et Yaoundé, entre le Cameroun, la RCA et le Tchad. Tous ces projets et idées font partie de son programme, si la majorité des électeurs le rejoint dans son «Mouvement noir. »