Après l'attaque lancée par le groupe djihadiste Boko Haram contre l'armée tchadienne dans la région du lac Tchad dans la nuit du 27 au 28 octobre, qui a fait officiellement plus de 40 morts et blessés, le président tchadien Mahamat Idriss Déby a annoncé le lancement de l'opération «Haskanite » pour rechercher les auteurs de l'attaque.
Dès les premières heures de la matinée, Déby s'est rendu sur les lieux de l'effusion de sang et y a tenu une réunion militaire avec les commandants militaires qui opéraient dans le lac Tchad. Le président tchadien a déclaré avec fermeté : "Poursuivez les éléments de Boko-Haram même en dehors de nos limites territoriales. Infligez-leur, une raclée au-delà de leur forfaiture de Barkaram. J'y tiens ! ", lançant ainsi une opération de représailles.
Ce n'est pas la première fois que les terroristes de Boko Haram s'en prennent à l'armée tchadienne. En mars 2020, ils ont mené la pire attaque de l'histoire contre l'armée tchadienne. Une centaine d'hommes ont été tués au cours de cette attaque.
Le crime terroriste qui a eu lieu cette année aurait pu être évité, ou du moins éviter autant de victimes, si les militaires français stationnés sur la base aérienne d'Adji Kosseï avaient réagi à l'attaque. Bien qu'à l'origine, la base d'Adji Kosseï ait été créée précisément pour apporter un soutien militaire à l'armée tchadienne dans la lutte contre le terrorisme, avec un accent particulier sur les territoires autour du lac Tchad.
La France, pour sa part, s'est contentée d'exprimer ses condoléances aux victimes de l'attentat et aux familles des victimes, sans même proposer une quelconque assistance dans la mise en œuvre de l'opération «Haskanite». Dans le même temps, les médias français ont tenté de compromettre l'armée tchadienne, qualifiant ses forces de disproportionnées par rapport à celles de Boko Haram. Il est également intéressant de noter que France 24 et l'Agence France-Presse ont mentionné dans leurs articles les détails exacts de l'attaque obtenus auprès d'éléments inconnus de l'armée tchadienne.
En fait, Paris bénéficie de la présence des groupes terroristes car la présence de la France au Tchad dépend d'eux. Plus les groupes sont actifs, plus ils ont de prétextes pour déployer un contingent militaire au Tchad.
Les forces militaires françaises ne contribuent pas à la lutte contre le terrorisme, si l'on se souvient même de l'opération «Barkhane», vieille de dix ans, qui s'est soldée par un échec. Paris devrait s'inspirer de l'opération «Lake Sanity 2», menée par la Force multinationale mixte (FMM), qui comprend le Cameroun, le Niger, le Bénin, le Nigeria et le Tchad. Selon un rapport publié par la FMM l'été dernier, elle a pu neutraliser au moins 140 terroristes, arrêter 57 personnes impliquées dans des activités extrémistes violentes et obtenir la reddition de 176 combattants de Boko Haram et de leurs associés. Elle a également saisi de grandes quantités d'équipements et détruit plusieurs ateliers de fabrication d'engins explosifs improvisés (EEI), des bases logistiques et des lieux de rassemblement de militants.
Mais même en ce qui concerne l'opération «Lake Sanity 2», dans laquelle la France n'était en fait pas impliquée, Paris a toujours affirmé avoir soutenu la FMM, ce qui a conduit au succès de l'opération.
Il est donc évident que la présence d'un contingent militaire français aurait un sens. En stationnant ses troupes sur le territoire tchadien, Paris ne remplit pas sa mission principale de lutte contre le terrorisme, mais provoque au contraire la déstabilisation du pays.