Après avoir convaincu ceux du Nord Ouest d’arrêter leur mouvement, Philemon Yang doit affronter la colère de ceux qu’il a snobés.
Réunis à Yaoundé le 25 novembre 2016, les six syndicats qui menaçaient de se mettre à leur tour en grève, « si aucune mesure concrète n’est prise et annoncée officiellement par le gouvernement », sont passés à la vitesse supérieure.
Jean Pierre Ateba du Snieb, Kouanang du Snuipen, Thobie Emmanuel Mbassi de la Fecase, Roger Kaffo Fokou du Snaes, Maurice Angel Phouet Foe du Snaef et Michel Serge Tamo de l’Oneeps invitent leurs collègues, cette fois sans distinction de langue et de région, à interrompre leurs activités sur l’étendue du territoire, du lundi 5 au mercredi 7 décembre 2017.
Simple avertissement au gouvernement car « des actions d’une plus grande envergure seront programmées à partir du début du mois de janvier », souligne l’appel à la grève rendu public à la fin de leur conclave. Dans un préavis adressé au Premier ministre le 17 novembre dernier, ils menaçaient d’appeler « tous les enseignants » à la grève.
Ils s’insurgeaient contre la roublardise du Pm qui avait un « comité ad hoc chargé d’examiner les revendications des enseignants (anglophones) », alors même qu’en 2012, un comité similaire avait été créé, comprenant de manière paritaire sept membres du gouvernement et sept représentants des syndicats enseignants.
Ils exigent l’application immédiate des résolutions du premier comité, qui avait produit un consensus sur six points : l’intégration des enseignants d’Eps dans le statut particulier des corps de l’éducation nationale, le reéchelonnement indiciaire, la signature d’une convention collective de l’enseignement privé, l’intégration des professeurs et instituteurs contractuels comme fonctionnaires et la revalorisation de la prime de documentation et de recherche. « Les documents approuvés sont restés jusqu’aujourd’hui lettres mortes », regrettent-ils.
Lorsque des syndicats anglophones ont lancé la grève très suivie dans les régions anglophones la semaine dernière et que la ville de Bamenda s’est embrasée, Philemon Yang s’y est rendu. Après avoir rencontré des gens qui avaient refusé de participer aux travaux initiés pour leur faire plaisir, ils ont levé le mot d’ordre qui était reconduit à partir de ce lundi. Les oubliés rappliquent : « dans sa démarche actuelle, (...) dans le cadre du comité ad hoc dont le ministre de l’Enseignement supérieur (a présidé) les assises, (le Pm) veut opposer les syndicats dits anglophones aux syndicats considérés comme francophones, « les autres », alors même que les problèmes inhérents à chacun des deux sous-systèmes concernent, même à des titres divers, tous les Camerounais en général et tous les enseignants camerounais en particulier », soulignaient-ils.
Les instituteurs contractuels (Ic) ne sont pas en reste, qui attendent l’annulation du concours organisé pour intégrer 500 d’entre eux par le ministre de la Fonction publique. Les prochains jours s’annoncent chauds.