Des étrangers craignent pour leur sécurité après que 32 personnes aient perdu la vie dans une série d’attentats-suicides à Bodo, un village au nord du Cameroun.Lundi matin, quatre kamikazes se sont fait exploser simultanément dans ce petit village de l’extrême nord du pays. Selon des sources officielles du gouvernement camerounais, le bilan provisoire était de 32 morts et d’une soixantaine de blessés en fin de journée. Un officier et un inspecteur de police feraient partie des victimes.
Incertitudes
Plusieurs centaines de kilomètres au sud, dans la capitale camerounaise, la vie continue malgré tout. Quelques jours après les attentats de Ouagadougou du 15 janvier dernier, qui ont fait 30 morts (dont 6 Québécois), les étrangers rencontrés par le 24 Heures parlaient à mots couverts des risques d’attaques terroristes.
«Le parallèle est évident à faire avec le Cameroun, à cause de la situation de Boko Haram au nord du pays», a confié Vincent Maysonnave, quelques jours avant les attaques de Bodo.
L’homme d’affaires français raconte qu’il a réduit son nombre de sorties. Il estime que ses compatriotes font aussi «inconsciemment tous plus attention» depuis les derniers mois.
Le nord du pays est régulièrement touché par des attentats et des attaques de la secte islamiste Boko Haram. Depuis 2013, environ 1200 personnes ont été tuées dans cette région frontalière avec le nord du Nigéria. Presqu’à chaque semaine, des kamikazes s’y font exploser et tuent quelques civils.
Sécurité inconstante
Depuis les attentats de Bamako, en novembre dernier, qui fait 20 morts dont plusieurs étrangers, les mesures de sécurité apparaissent partout à Yaoundé et Douala.
«Or, les protocoles de sécurité sont vraiment différents d’un endroit à l’autre», indique M. Maysonnave. À l’hôtel Djeuga, par exemple, on y entre comme dans un moulin et les vérifications sont sommaires. «Au Hilton, on m’a fouillé. On passe un détecteur de métal corporel et on vérifie le contenu des sacs.»
Il estime donc que Yaoundé et Douala, bien qu’elles soient à deux jours de route du nord du pays, courent tout de même des risques importants.
Une Camerounaise, qui a souhaité conserver son anonymat, indique qu’elle évite les endroits fréquentés par les étrangers depuis les attaques de Bamako et Ouagadougou. «C’est certain que le mode opératoire n’est pas le même que Boko Haram, mais ça reste inquiétant. Si ce sont les étrangers qui sont ciblés, aussi bien ne pas aller dans les grands hôtels.»
Notre journaliste est présentement au Cameroun pour la réalisation de reportages sur l'impact de l'invasion de Boko Haram dans ce pays. Ce voyage est financé par l'organisme Afrique Expansion.