Dans une correspondance, les populations de la localité demandent une prompte réaction du président de la République.
«Excellence, nous vous saisissons pour que lumière soit faite sur la situation de ces otages après sept mois de captivité entre les mains des ravisseurs, avec des conditions de vie médiocre. Nous voulons savoir s’ils vivent ou pas et quel est le sort qui leur est réservé. Excellence, si rien n’est fait d’ici là, nous serons obligés de nous faire entendre. Nous entrerons en brousse nous-mêmes à la recherche de nos otages avec tous les risques que cela comportera».
Ces termes sont la conclusion d’une correspondance anonyme adressée au chef de l’Etat au sujet de l’affaire des otages de Lagdo. En circulation dans la ville de Garoua depuis le 14 septembre 2015, la lettre adressée à Paul Biya par les «populations de l’arrondissement de Lagdo», n’est pas non plus tendre envers le sous-préfet de cet arrondissement.
«Excellence Monsieur Paul Biya, au moment où nous souffrons de l’incertitude que nous avons de la vie de nos otages, le sous-préfet que vous avez nommé à la tête de notre arrondissement, Monsieur Daouda Issa, nous nargue. Pourtant, c’est à cause de la levée de corps de sa belle-mère qu’est arrivée cette malchance. Depuis qu’il est arrivé à la tête de cet arrondissement, il n’a que créé du désordre», peut-on lire en substance dans la correspondance.
Toutes nos tentatives pour joindre le sous-préfet sont restées vaines, sa ligne téléphonique étant restée désespérément muette. Les auteurs, comme pour convaincre le chef de l’Etat d’agir, ouvrent leur correspondance en rappelant quelques faits d’armes du maire de Lagdo, Mama Abakaï, un des principaux otages. «Depuis le 19 mars 2015, des vaillants fils et filles, militants de première heure du parti des flammes (RDPC), sont entre les mains des bandits non localisés jusqu’à ce jour.
Parmi eux, le maire de la commune de Lagdo qui a mobilisé sa population pour vous réserver un accueil chaleureux lors de votre visite en 2012 à Lagdo, pour assister ces populations victimes des inondations. Ce maire très populaire, aimé par sa population, qui a gagné les élections couplées (législatives et municipales) avec 80,01% devant le grand parti du Nord qui est l’Undp».
Ce n’est pas la première fois qu’une certaine agitation est enregistrée autour de la question des otages de Lagdo. Dr Taïga, ministre de l’Elevage, des pêches et industries animales, en visite le 31 août 2015 à Lagdo, a été témoin de l’atmosphère électrique qui règne à Lagdo.
«Nous les enfants, épouses et époux des otages de Lagdo, demandons au gouvernement de faire quelque chose pour la prompte libération de nos parents, épouses et époux pris en otage depuis le 19 mars 2015», pouvait-on lire sur l’une des banderoles déployées par les familles des otages, lesquelles ont suivi le ministre dans tous ses déplacements à Lagdo. Joint au téléphone, le deuxième adjoint au maire de Lagdo a confirmé que la correspondance pourrait être l’oeuvre de certains membres des familles des otages.
«Personnellement, je n’ai pas vu cette correspondance. Mais je pense que si elle circule, c’est certainement une initiative des familles des otages qui manifestent leur ras-le-bol. Ils ont exprimé leur mécontentement à l’occasion de la dernière visite du ministre de l’Elevage ici à Lagdo. Nous sommes également interpellés régulièrement par ces derniers sur cette affaire des otages. C’est une situation préoccupante, nous savons bien que les autorités administratives et sécuritaires sont en train de travailler sur la question. Mais plus le temps passe, plus les familles sont inquiètes», souligne-t-il. On se souvient que le 25 juillet dernier, le maire de Lagdo, Mama Abakai, avait adressé un message audio à l’endroit du gouvernement où il demandait que des négociations soient entamées avec les ravisseurs.
Dans le même message, il faisait savoir que lesdits ravisseurs exigeaient la libération d’Aboubakar Sidiki, président national du Mouvement patriotique du salut camerounais (Mpsc), interpellé en août 2014 à Douala. A titre de rappel, c’est dans la nuit du 19 au 20 mars 2015 à Gbabio, localité situé à une quinzaine de kilomètres de la ville de Garoua-Boulaï, que ces 15 otages ont été kidnappés alors qu’ils revenaient de Bertoua où ils avaient pris part aux obsèques de la belle-mère du sous-préfet de l’arrondissement de Lagdo.