À moins d’un an de l’élection présidentielle d’octobre 2025, le clergé camerounais, traditionnellement discret sur les questions politiques, a pris une position ferme contre le président Paul Biya. Sous la houlette de l’archevêque de Douala, Mgr Samuel Kleda, plusieurs prélats et religieux se sont engagés dans une fronde ouverte contre le régime, exigeant un changement à la tête de l’État.
Mgr Samuel Kleda, figure de proue de cette mobilisation, a appelé à une refonte du code électoral et invité les citoyens à « privilégier la paix et l’intégrité » lors du scrutin. Dans une interview à RFI, il a qualifié de « peu réaliste » l’éventuelle candidature de Paul Biya, âgé de 91 ans et au pouvoir depuis plus de quatre décennies.
Parmi les autres voix influentes, Mgr Emmanuel Abbo, évêque de Ngaoundéré, a vivement critiqué le régime, notamment en réaction aux propos du ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, qui avait comparé l’État à un « Moulinex » broyant les opposants. « Qui va-t-on gouverner quand on aura broyé tous les Camerounais ? », a-t-il lancé lors de son homélie du Nouvel An.
Mgr Andrew Nkea Fuanya, archevêque de Bamenda, a également dénoncé l’hypocrisie et l’inaction des dirigeants. « Chaque Camerounais doit prendre ses responsabilités », a-t-il déclaré, soulignant la nécessité d’un engagement collectif pour sortir le pays de l’impasse.
Ces prises de position, soutenues par des figures comme Mgr Paul Lontsie-Keune et l’abbé Étienne Bakaba, marquent un tournant dans l’implication politique du clergé camerounais. Alors que le pays s’achemine vers une élection cruciale, ces hommes d’Église entendent jouer un rôle actif dans la quête d’une alternance démocratique.