Le ministre des Finances réagit à la pression fiscale qui va s'accentuer au cours de l'exercice budgétaire 2023.
Interpellé par des députés sur la pression fiscale que devront subir les Camerounais l'an prochain, le ministre des Finances dont les services ont élaboré le projet de budget adopté ce jour, a tenté de se justifier. « Nous savons qu'au Cameroun, la production pétrolière est tendanciellement à la baisse, et les recettes les plus importantes (recettes fiscales et douanières) suffisent à peine à couvrir toutes les dépenses courtes. Soit plus de 3500 milliards de F des recettes fiscales et douanières, et plus de 3300 milliards de F de dépenses courtes. Cela veut dire qu'il n'y a plus rien pour les dépenses d'investissements et pour payer la dette » , a expliqué Louis Paul Motazé dont les propos ont été recueillis par nos confrères de la Crtv, le média public. Et de poursuivre : « on nous explique que le Cameroun a encore une marge en matière de pression fiscale, c'est-à-dire que les impôts ne sont pas suffisamment lourds »
Composante importante du budget de l'Etat du Cameroun, les recettes pétro-lieres et gazières, qui intègrent les reve. nus de la vente et de l'impôt sur les sociétés pétrolières, sont projetées à 807 milliards de Fcfa par le gouvernement. L'on observe une stagnation sur ce poste de recettes, en comparaison avec les 806 milliards de Fcfa édictés par le collectif budgétaire du 2 juin 2022. Pour rappel, en raison de l'embellie autour des prix du pétrole et du gaz à l'international en 2022, cette loi de finances rectificative avait consacré une augmentation de 43,4% (244 milliards de Fcfa) de l'enveloppe initiale des recettes pétrolières, partant de 562 milliards de Fcfa dans le budget initial à finalement 806 milliards de Fcfa.
Décaissements sur les prêts-projets À côté des recettes, le projet de loi de finances 2023 révèle un besoin de financement estimé à 1682,4 milliards de Fcfa en baisse de 186,1 milliards de Fcfa par rapport à l'exercice précédent (1868,5 milliards de Fcfa). Pour combler ce gap, souligne le document que vont examiner les parlementaires, le gouvernement compte sur les appuis budgétaires des bailleurs de fonds internationaux attendus dans le cadre du programme économique et financier avec le Fmi (281,3 milliards de Fcfa), les décaissements sur les prêts-projets (795,4 milliards de Fcfa), les levées de fonds via les émissions de titres publics sur le marché monétaire (Beac) et probablement sur le marché financier sous-régional qu'est la Bvmac (450 milliards de Fcfa), et les emprunts bancaires (155,7 milliards de Fcfa).
Rappelons que le budget de 2023 évalué à 6345,1 milliards de Fcfa, prévoit un relèvement fiscal sur plusieurs services. Notamment le timbre fiscal qui passera dès janvier prochain de 1000 à 1500 F.
Malgré le tollé des députés et de l'opinion publique, ce budget a été adopté. Ce qui promet des lendemains encore difficiles pour les Camerounais qui peinent depuis des lustres à se nourrir au quotidien.