Les événements au Niger se sont précipités depuis le 26 juillet, date à laquelle des soldats ont arrêté le président du Niger, Mohamed Bazoum, dans le cadre d'un coup d'État militaire.
Ce coup d'État a été condamné par la communauté internationale et par la Cedeao, le bloc des nations de l'Afrique de l'Ouest.
La Cedeao avait initialement donné un ultimatum de sept jours à la junte militaire pour le retour du gouvernement représentatif du Niger, avec la possibilité d'une action militaire si les putschistes ne rétablissaient pas le président Bazoum.
L'ultimatum de sept jours est maintenant dépassé et les chefs de gouvernement de la Cedeao doivent se réunir jeudi dans la capitale nigériane, Abuja, pour discuter de leur prochaine action.
L'expiration de l'ultimatum a suscité l'inquiétude dans toute la région.
Le Niger partage des liens ethniques, économiques et culturels étroits avec ses voisins ouest-africains et certains de ces liens ont été rompus depuis le coup d'État.
Le Nigeria a coupé l'approvisionnement en électricité de certaines régions du Niger, appliquant ainsi l'une des sanctions imposées par la Cedeao.
Les sanctions ont également entraîné des interdictions de voyager et des fermetures de frontières.
En représailles, la junte militaire nigérienne a demandé le retrait immédiat de ses ambassadeurs au Nigeria, en France et aux États-Unis.
Les habitants des villes frontalières ont exprimé leur inquiétude face à la menace d'une action militaire et à ses conséquences pour les voisins du Niger.
La fermeture des frontières terrestres a commencé à avoir un impact sur les activités économiques des communautés environnantes du Niger, les commerçants et les transporteurs commerciaux étant les premiers à en souffrir.
La BBC s'est entretenue avec de jeunes Africains de l'Ouest pour connaître leurs réactions au coup d'État et son impact potentiel.
Des sanctions "trop sévères
Ovie Peter Anigoro, un habitant de Lagos, au Nigeria, souhaite que le président nigérian, qui est également le président en exercice de la Cedeao, reconsidère la question de la crise du Niger avec ses conseillers.M. Ovie craint que toute action de la Cedeao n'entraîne une guerre dans la région.
"La guerre coûte [plus cher que] la paix", affirme-t-il.
Les jeunes d'Accra, au Ghana, et de Dakar, au Sénégal, partagent les mêmes sentiments.
Peter, un jeune homme du Ghana, déclare qu'il soutiendra une action militaire contre le Niger, mais seulement comme dernière option après que toutes les voies diplomatiques ont été explorées.
Selon lui, la Cedeao "ne fait que parler et ne passe pas à l'action".
"Elle devrait au moins se rapprocher des populations, connaître leurs préoccupations, essayer de résoudre, si ce n'est tous, une partie de leurs problèmes. Mais si cela ne fonctionne pas, ils peuvent recourir à la force".
Nhyira, au Ghana, qualifie de "scandaleux" le recours à la force pour vaincre la force.
Elle suggère davantage de négociations, affirmant que la situation "affecte l'ensemble de l'Afrique, en particulier la région du Sahel". Nhyira suggère également que l'augmentation des coups d'État dans la région pourrait être due à "l'instabilité économique et aux besoins [non satisfaits] de la population".
"Malgré l'important gisement d'uranium au Niger, le pays n'a pas été en mesure d'exploiter ces ressources pour améliorer la situation de ses citoyens, qui n'ont eu d'autre choix que de recourir à un coup d'État pour améliorer leurs conditions de vie", explique-t-elle.
À Dakar, au Sénégal, un jeune homme affirme qu'il préfère le dialogue à la force.
"Le Niger est un pays souverain. Nous devons négocier et discuter avec les putschistes", déclare-t-il.
Nombreux sont ceux qui s'inquiètent des sanctions imposées par la Cedeao.
Anthony, du Ghana, estime qu'elles sont "trop dures".
Les sanctions, comme la coupure de l'électricité au Niger, ont plongé une grande partie du pays dans l'obscurité, détruisant ainsi les moyens de subsistance de nombreux Nigériens qui dépendent de l'électricité pour leurs activités quotidiennes.
Antony affirme également que la fermeture des frontières avec le Niger a fait plus de mal aux pauvres du pays qu'aux riches et à la junte.
Selon lui, de nombreux Nigériens et habitants des pays voisins survivent grâce au commerce transfrontalier.
"Depuis que vous avez fermé vos frontières et coupé l'électricité, cela va causer plus de tort et rendre la vie plus difficile pour les habitants du Niger", déclare-t-il.
Peter, au Ghana, se fait l'écho de ses réflexions et estime que la Cedeao doit être plus proche de la population régionale et prendre des décisions qui reflètent la volonté des gens plutôt que celle des dirigeants.
Dernier recours
Alors que les jeunes qui ont parlé à la BBC se sont inquiétés d'une intervention militaire, il n'est toujours pas certain qu'elle ait lieu.L'ancien ministre nigérian des affaires extérieures, le professeur Bolaji Akinyemi, estime que la Cedeao doit d'abord poursuivre toutes les options diplomatiques disponibles, même si la date limite est dépassée.
"Parler d'inventions militaires maintenant revient à mettre le cheval avant la charrue", déclare-t-il.
"La Cedeao a déclaré qu'elle épuiserait toutes les options sur la table avant un éventuel recours à la force. Elle n'a jamais dit qu'il y aurait une intervention militaire au Niger immédiatement après l'expiration de l'ultimatum de sept jours", ajoute-t-il.
D'autres responsables nigérians décrivent également une éventuelle intervention militaire comme un "dernier recours".
Mardi, la junte militaire nigérienne a déclaré aux délégués de la Cedeao, de l'Union africaine et des Nations unies qu'ils ne pouvaient pas se rendre dans le pays. Les dirigeants du coup d'État ont déclaré que les sanctions et la menace d'une invasion de la part du bloc avaient suscité la colère de la population et que la délégation ne pouvait donc pas être accueillie en toute sécurité.
Ils ont également ajouté que les frontières terrestres et aériennes du Niger étaient fermées.