Actualités of Saturday, 2 September 2017

Source: quotidienlemessager.net

Les journalistes politiques du Cameroun en colère

Le Dr Christopher Fomunyoh, directeur Afrique du National Democratic Institute aux Etats-Unis. Le Dr Christopher Fomunyoh, directeur Afrique du National Democratic Institute aux Etats-Unis.

Le leader d’opinion et homme politique était l’invité du Club Pô (Journalistes politiques du Cameroun) mercredi 30 août 2017. La rencontre a été interdite par le sous-préfet de Yaoundé 1er.

Incompréhension, confusion, désolation… Les épithètes ne manquent pas pour décrire la mine qu’affichent les membres du Club Pô (Association regroupant les journalistes politiques du Cameroun) ce mercredi 30 août 2017.

Réunis en début d’après-midi dans le bureau de Georges Alain Boyomo, directeur de publication du quotidien Mutations et président du Club Pô, les journalistes politiques s’interrogent. C’est que, quelques heures auparavant, Nama Cosmas Thierry, sous-préfet de l’arrondissement de Yaoundé 1er, a interdit une conférence-débat initiée par le Club Pô et prévue pour se tenir le mercredi 30 août 2017 dans un hôtel de Yaoundé.

Comme il est de tradition, le Club Pô, dans le cadre de la 9è édition son « Café politique », plateforme d’échanges sur l’actualité sociopolitique et économique au Cameroun, y a convié le Dr. Christopher Fomunyoh. Le directeur Afrique du National democratic institute for international affairs (Ndi) aux Etats-Unis, devait élaborer sur des questions liées entre autres au climat social dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, la lutte contre Boko Haram, les prochaines élections, la Can 2019, les relations Cameroun-Fmi.

Entrave à la pratique du journalisme

Grande a été la surprise du Club Pô de voir son « Café politique » interdit par les autorités administratives de Yaoundé 1er, pour « trouble à l’ordre public » selon les termes du chef de terre de cet arrondissement repris dans sa décision portant interdiction de réunion publique. Suite à cette interdiction, le Club Pô marque « son étonnement. Car ce n’est pas la première fois qu’il organise un tel événement. Ont tour à tour été déjà reçus Ni John Fru Ndi (Sdf), Maurice Kamto (Mrc), Bernbard Njonga (Crac) et des ambassadeurs en poste à Yaoundé (Algérie, Canada et Suisse). Cette démarche constitue une entorse aux lois de 90 sur les libertés publiques », s’indignent les membres du Club Pô dans la déclaration qu’ils ont commise ce même jour.

Bien plus, peut-on lire dans ladite déclaration, « il s’agit également d’une entrave à la pratique du journalisme et au droit du public à l’information ». Le Club Pô tient à cet effet à rappeler aux autorités administratives et à l’opinion en général, que le « Café politique, en effet, reste et demeure une opportunité de choix de collecte d’une information vraie et équilibrée ». D’ailleurs, G. Alain Boyomo assure que dans une démarche professionnelle et conscients de la responsabilité du journaliste, même dans l’hypothèse que l’invité se serait fendu en déclarations incendiaires, les journalistes chevronnés qui constituent ce Club l’auraient recadré. Bien plus, l’exercice n’est pas diffusé en direct sur un média, encore moins relayé en direct sur une plateforme communicationnelle.

Entre indignation et apaisement

En tout cas, ceci conforte le président et les membres du Club Pô dans l’idée qu’aucun motif de trouble à l’ordre public ne puisse être brandi pour étouffer une telle manifestation. Surtout que les précédentes éditions se sont déroulées sans le moindre incident à Yaoundé 1er et à Bamenda. L’actualité aidant, seul l’intérêt journalistique a primé sur le choix de l’invité du jour. Car, Christopher Fomunyoh est un leader d’opinion connu et reconnu sur la scène nationale et internationale. Ce dernier qui lui aussi, a réagi suite à cette interdiction, se désole de la situation.

« J’attendais des échanges francs et constructifs avec les journalistes camerounais et internationaux sur des questions nationales et panafricaines. Je considère la décision d’interdire cette rencontre de presse comme fâcheuse et inacceptable, en particulier au moment où nous avons besoin de débats constructifs et sereins pour aborder les différentes crises auxquelles notre pays fait face et les solutions à y apporter. Je suis profondément attristé et extrêmement déçu de cette situation. J’appelle les autorités compétentes et au plus haut niveau à revenir sur leur décision. Nous devons nous abstenir de toute action susceptible d'attiser inutilement des tensions sociales et politiques dans notre pays », regrette le Dr. Fomunyoh.

En appelant au sens de responsabilité des autorités camerounaises, le directeur Afrique du Ndi a réitéré sa disponibilité à répondre aux questions des journalistes politiques dans le cadre du « Café politique ». « Je remercie les journalistes camerounais pour leurs efforts de promotion et de maintien de plateformes de discussions et de dialogue public. Je réaffirme ma disponibilité aux côtés de tous nos compatriotes qui se battent pour la liberté d’expression, la liberté de la presse et les autres libertés citoyennes », assure-t-il. En fin de compte, le Club Pô a pris acte de cette interdiction. Etant donné que c’est la toute première fois que cela arrive, les membres considèrent que les autorités se sont trompées de bonne foi. Et que la prochaine fois, ils agiraient certainement dans le sens de faire respecter leurs droits.