Dans une interview en direct sur le poste national ce lundi 3 août 2015 après le journal parlé de 7h, le Gouverneur de la région de l’Extrême-Nord devenue une poudrière, s’est longuement exprimé sur la situation sécuritaire qui prévaut dans son unité de commandement plusieurs jours après les attentats suicides du groupe Etat islamique en Afrique de l’Ouest, ex-Boko Haram.
Sur la situation sécuritaire qui prévaut globalement dans la région dont il tient les rênes
Ce qu’il convient de dire d’entrée de jeu, c’est que la situation se normalise. Les populations progressivement sortent de leur torpeur, de la psychose qui les a envahis lors des tristes évènements que nous avons connus, je veux parler des attentats de la ville de Maroua. La population reprend vie, les activités reprennent, le moral est d’acier et elle a pu tirer quelques leçons très importantes de ces évènements-là.
Sur la nature des leçons effectivement tirées
La population a pu comprendre que plus que par le passé, la nébuleuse ayant changé de stratégies, l’Etat ayant joué sa partition au front en anéantissant cette nébuleuse, la riposte devait se jouer avec le concept de défense populaire que la population à très bien appréhendée, elle l’a intégrée, et elle joue correctement sa partition.
Sur le caractère «info» ou «intox» au sujet de la nouvelle faisant état de trois attentats terroristes qui auraient été déjoué dans la région de l’Extrême-Nord
C’est là où je voulais embrayer en parlant de l’appropriation du concept de défense populaire. Justement il y a eu des kamikazes qui ont été stoppé net. C’est un moto taximan qui a constaté que le passager avait un comportement bizarre et portait un sac un peu suspect. Le réflexe de ce moto taximan c’était de le conduire immédiatement dans un poste de commissariat de police et informer les responsables de ce commissariat.
Dans ce cas précis, c’est le renseignement qui a vraiment joué, parce que nous avons à tous les niveaux, insisté sur le fait que les populations devaient jouer leur partition. En quoi faisant ? Simplement en dénonçant, en renseignant, en informant toutes situations suspectes, tous comportements suspects. A cet effet, les comités de vigilance sont également à pied d’œuvre aussi bien au sein des mosquées que des églises, dans les villages, les chefferies ; et je puis vous assurer que chacun à son niveau joue ce rôle en toute honnêteté et avec responsabilité.
Le comité de vigilance de Ourbo il y a juste une semaine, a pu mettre en péril certains éléments de la secte Boko Haram, ils étaient quatre ou cinq. Ils ont pu les réduire, en les tuant effectivement et en arrachant leurs armes. Donc voilà ce que nous avons demandé aux populations, et dans tous les secteurs d’activités, nous avons noté une collaboration franche et sincère. Les populations applaudissent des deux mains les mesures que nous avons prises. Bien que ces mesures soient parfois draconiennes, les populations ont très bien compris que c’était pour leur protection et la protection de leurs biens.
J’ai pu tenir une réunion avant-hier (Samedi 1 août, Ndlr), il y a au moins 3 000 personnes qui ont assisté. Tout le monde avait soif de venir participer, prendre la parole pour que sa contribution puisse être prise en compte et être appliquée sur le terrain.
Sur le choix du Gouverneur de rester en poste au front durant la visite du président Nigérian Muhammadu Buhari (il s’est fait représenter par son SG, Ndlr) et sur le communiqué final au terme de la visite par les deux chefs d’Etat
Les populations de la région de l’Extrême-Nord ont suivi de bout en bout cette visite. Ces résolutions qui ont été prises ont été hautement appréciées par la population. Les populations souhaitent juste voir très rapidement ces mesures entrées en application pour la reprise de leurs activités, pour la sécurisation de leurs biens et leurs personnes dans cette région sœur qui est frontalière au Nigéria.
Sur les fondements des allégations du gouverneur d’après qui « Maroua va bien ce matin », « l’ensemble de la région de l’Extrême-Nord va bien ce matin » alors qu’il n’est encore que 7h30
La particularité de cette région c’est que depuis que nous avons été aux commandes, nous avons institué un système de renseignements. Déjà que nous ne nous séparons jamais de nos portables, et ceci est valable pour tous nos collaborateurs : les préfets, les forces de maintien de l’ordre dans leur ensemble, les autorités municipales et traditionnelles.
Donc vers 6h, nous appelons tous les responsables des forces de maintien de l’ordre, ils peuvent vous le confirmer. Les autorités administratives doivent nous dire comment la nuit s’est déroulé ; encore que dans la nuit nous nous appelons aussi. S’il y a eu un problème, nous en discutons afin de recouper les informations, les synthétiser puis transmettre à la hiérarchie. Nous travaillons ainsi et c’est sur cette base que nous sommes en mesure de vous dire que la région se porte très bien, les populations ont un moral d’acier.
Nous ne pouvons pas céder la place à cette nébuleuse. Il est hors de question qu’elle puisse prendre le devant. Il est hors de question qu’elle puisse avoir une victoire psychologique. Les populations l’ont compris. Chacun de son côté en apportant sa contribution pour barrer la route à cette nébuleuse.
Sur la possibilité de retenir que « ça va mieux dans la région »… au terme de l’Interview
Ça va vraiment mieux si on s’en tient au moral, parce que tout c’est le moral. Quand le moral est bon, je crois que tout est bon. Quand le moral va, tout va. Le moral est d’acier !
Le chef de l’Etat a déclaré la guerre à cette nébuleuse, et il a aussi dit que « ce n’est pas Boko Haram qui va dépasser les Camerounais », les populations ont intégré et ils sont à pied d’œuvre pour implémenter, pour barrer la route à cette nébuleuse.
Aujourd’hui dans la région de l’Extrême-Nord, tout comportement suspect, toute situation suspecte doit être dénoncée. Vous devez vous-même (les journalistes, Ndlr) faire d’abord dans la culture de la vigilance, et puis informer les autorités sur les situations que vous aurez eu à constater dans votre environnement… je puis vous assurer que les jours de Boko Haram sont comptés.
Ainsi s’est achevée l’Interview de presque 8 minutes accordée ce lundi matin à la Crtv par le Gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, Midjiyawa Bakary.
Seul regret, que le gouverneur, pour les raisons qui lui sont propres, a quelque peu révélé aux camerounais certes, mais à l’ennemi aussi, une partie du plan de bataille mis en œuvre pour anéantir le groupe Etat islamique en Afrique de l’Ouest qui est du reste toujours très actifs sur le terrain, qu’il s’agisse du Cameroun comme du Nigéria ou encore du Benin qui va appuyer les efforts de guerre avec 800 hommes… contrairement hélas aux propos du Gouverneur qui a entre autre déclaré dans cette interview « … l’Etat ayant joué sa partition au front en anéantissant cette nébuleuse… ».