La cérémonie d’ouverture des séminaires régionaux de formation et de renforcement des capacités des acteurs locaux de la décentralisation, le 11 mai 2016 à Yaoundé, a donné l’occasion au Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation (MINATD), René Emmanuel Sadi, d’éclairer sur les pesanteurs qui freinent le processus de décentralisation au Cameroun.
René Emmanuel Sadi n’est pas allé du dos de la cuillère pour dénoncer la gestion des Maires. Selon La Nouvelle Expression du 12 mai 2016, le ministre a indiqué que «si l’on note un fonctionnement globalement satisfaisant des organes et des services communaux à travers la République, il y a toutefois lieu d’indiquer que des difficultés de collaboration existent, ici et là, notamment entre les membres de l’exécutif municipal, qui, malheureusement, ont une incidence négative sur le fonctionnement des communes concernées».
Parmi ces péchés, le MINATD note la non-implication des adjoints dans la gestion de la commune contrairement aux dispositions du décret du 24 avril 2008 qui stipule notamment que les maires doivent déléguer leurs attributions. Outre cette absence de délégation d’attributions et de séparation de fonction, René Emmanuel Sadi brandit l’absence d’organigramme type dans certaines communes.
Un manquement qui favorise le développement de magouilles telles que des recrutements fantaisistes. «L’on constate une mise en œuvre aléatoire à travers des recrutements fantaisistes et voire sans commune mesure avec les capacités financières réelles des communes», accuse le MINATD.
Selon le journal, un autre péché qui est reconnu à l’exécutif communal par René Emmanuel Sadi est la propension des magistrats municipaux pour la coopération décentralisée internationale au détriment des regroupements locaux.
«S’agissant particulièrement de cette coopération décentralisée internationale, si l’on doit reconnaitre et saluer sa contribution à notre processus de décentralisation, l’on doit de même s’interroger sur les retombées réelles et la valeur ajoutée qu’apportent à nos communes et à leurs habitants, cette propension forte de nos magistrats municipaux à effectuer des déplacements à l’extérieur sous le prétexte de la recherche de partenariats ou de voyages d’étude et d’échanges d’expériences, qui le plus souvent n’ont aucun rapport avec nos réalités et notre contexte», a assené le MINATD. Un choix arbitraire qui tend à délaisser les problèmes auxquels sont confrontées les communes.
S’agissant des rapports entre l’exécutif communal et les acteurs des services déconcentrés de l’Etat, René Emmanuel Sadi note dans certaines communes, des rapports conflictuels entre ces deux entités, rapports concernant parfois aussi la tutelle locale de l’État. Ces derniers sont accusés de mégoter sur l’appui-conseil aux communes, en ne programmant pas à temps les transferts et ne leur allouant pas des crédits insuffisants.
À ce propos selon René Sadi, «le transfert des ressources budgétaires souffre aussi de problèmes liés à la philosophie même de ces transferts, avec des projets inscrits au budget sans lien avec le Plan communal de développement, de même que des transferts s’apparentant davantage de l’avis des magistrats municipaux, à des délégations de crédits sans aucune emprise du Conseil municipal ni sur le choix des projets à réaliser ni sur le montant des ressources à utiliser pour réaliser chacun de ces projets».
Au cours de ce séminaire de formation et de renforcement des capacités des acteurs locaux de la décentralisation, les participants devront s’attarder notamment sur les mécanismes permettant de mener à bien le processus de décentralisation, qui pour l’instant provoque l’agacement de René Emmanuel Sadi.