Ils n’ont pas cautionné le fait que le préfet leur exige de l’argent pour convoyer les denrées destinées aux familles déplacées.

Les maires des communes des sept arrondissements du département du Mayo-Tsanaga sont fâchés. Très fâchés même. Ils s’indignent des recommandations de leur tutelle qui leur a exigé la somme de deux millions de francs Cfa chacun afin de faire convoyer le don spécial du chef de l’Etat aux déplacés internes disséminés à travers le département.

Finalement, ils ont consentis contribuer contre leur gré, à débourser la somme d’un million de francs chacun et ont purement et simplement boycotté la cérémonie de distribution solennelle du don spécial du chef de l’Etat vendredi dernier à Mokolo. Ils se sont fait représenter par leurs adjoints.

« On a donné un million mais curieusement, c’est le camion de la commune qui a transporté le don de la commune avec notre carburant en plus. C’était une arnaque. Le préfet a mis les sept millions cotisés dans sa poche », fulmine un conseiller municipal de la commune de Koza. Interrogés sur la question, les maires ont confirmé sous cape avoir donné 1 million de francs Cfa, soit sept millions en tout collectés par le préfet pour convoyer les dons du chef de l’Etat.

En effet, pour conjurer la famine qui se profile à l’horizon, le chef de l’Etat a décidé de venir au secours des 140 000 familles déplacées des trois départements de la région touchés par les exactions et les attaques de la secte Boko Haram à savoir le Logone et Chari, le Mayo-Sava et le Mayo-Tsanaga. L’aide spéciale d’urgence a été convoyée à Maroua à mi-mars 2015 par le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Lazare Essimi Menye.

Le don était alors constitué des produits de première nécessité tels que les céréales, les huiles de table, du savon, du sucre, du lait, et des foyers améliorés pour une valeur de près de cinq milliards de francs Cfa. Y inclut aussi des produits vétérinaires, des médicaments et de l’alimentation pour le bétail. Consigne a donc été donné aux préfets des départements concernés d’acheminer l’aide jusqu’aux intéressés préalablement recensés. Pour ce faire, ils auraient « déchargés les moyens financiers »nécessaires.

Pourtant contre toute attente, le préfet du Mayo-Tsanaga a instruit aux maires de son département de déposer la somme de deux millions de francs chacun sur sa table afin de lui permettre de louer les camions qui vont transporter les denrées jusque dans le chef-lieu de leur arrondissement.

Ce que les magistrats municipaux n’ont pas compris d’autant que s’étant informés auprès de leurs collègues des autres départements concernés, ils ne devraient plus dépenser le moindre kopeck.

« Nous nous sommes renseignés auprès des gens qui travaillent dans les services du gouverneur mais ils nous ont dit que les préfets ont déchargé de l’argent pour acheminer les dons jusqu’aux destinataires finaux. On n’a pas compris pourquoi le nôtre a exigé une telle somme alors que l’arrondissement le plus éloigné de Mokolo se trouve à 80 kilomètres tandis que les autres sont à 20 ou au plus 30 kilomètres. Ça sent de l’arnaque mais je n’ai fait débloquer qu’un million de francs », commente un maire ayant requis l’anonymat.

Interrogé à ce sujet, le préfet du département du Mayo Tsanaga dit n’avoir perçu des sous que « pour acheminer les denrées du chef lieu de la région jusqu’au chef lieu du département. Le convoyage desdits produits jusqu’au chef lieu des arrondissements devant être supporté par les maires », se défend Raymond Roksbo.