Dans les profondeurs de la région Est du Cameroun, à la frontière avec le Congo, se trouve Ndongoh, un village de l'arrondissement de Moloundou qui incarne le délaissement et la marginalisation. Malgré sa proximité avec le parc national de Nki et ses impressionnantes chutes d'eau, ce village d'environ 700 âmes vit dans un dénuement total, loin des promesses de développement tant vantées par les autorités.
La route de 60 km reliant Moloundou à Ndongoh, en passant par Legoué, Mingombé, Tembé, Baad, Ekelemba et Adjala, est devenue le symbole de cet abandon. Promise à l'aménagement en 2015, cette voie vitale reste un bourbier impraticable. Les fonds alloués à sa construction se sont évaporés dans les méandres de la corruption, laissant la population isolée et désemparée.

Ce manque d'infrastructures a des conséquences dramatiques sur le quotidien des habitants. Faute d'alternatives, ils sont contraints de se tourner vers le Congo voisin pour leurs besoins les plus élémentaires : soins médicaux, éducation, approvisionnement. Cette situation ubuesque pousse même certains à s'exiler, abandonnant leur terre natale par désespoir.

L'absence d'élites locales dans les sphères décisionnelles aggrave la situation. Sans voix pour porter leurs revendications, les habitants de Ndongoh se sentent abandonnés par leur propre pays. Cette absence de représentation politique et administrative perpétue un cycle de marginalisation qui semble sans fin.

Pourtant, la région regorge de potentiel. Le parc national de Nki, joyau de la biodiversité, et les chutes d'eau capables, dit-on, d'alimenter en électricité la moitié de l'Afrique centrale, sont autant d'atouts inexploités. Ce paradoxe entre richesses naturelles et pauvreté extrême est révélateur des dysfonctionnements profonds dans la gestion des ressources nationales.

Face à cette situation alarmante, un appel urgent est lancé aux autorités camerounaises. La reconstruction de la route, l'amélioration des services de santé et d'éducation, et le développement d'activités économiques locales sont des priorités absolues. Il en va de la survie de toute une communauté et de l'intégrité territoriale du Cameroun dans cette zone frontalière sensible.

L'histoire de Ndongoh est celle d'une promesse non tenue, d'un développement à deux vitesses qui laisse sur le bord de la route des milliers de citoyens. Elle nous rappelle que derrière les chiffres de la croissance économique se cachent parfois des réalités humaines douloureuses. Il est temps que le Cameroun se penche sérieusement sur le sort de ses "oubliés" et leur offre enfin la dignité et les opportunités auxquelles ils ont droit.