Politique of Friday, 8 January 2016

Source: camernews.com

Les partis politiques majeurs n’ont pas changé de dirigeants

Photo d'archive utilisée juste à titre d`illustration Photo d'archive utilisée juste à titre d`illustration

Deux mois avant la célébration des 33 ans de l’accession du chef de l’Etat, Paul Biya, à la magistrature suprême, une organisation de la société civile, la coalition «Tournons La Page» que dirige Jean-Marc Bikoko, a voulu organiser une conférence débat au Palais des Sports le mardi 15 septembre pour en discuter. Cette rencontre a finalement été réprimée par la police, les organisateurs interpellés et mis sous «mandat administratif». Le sujet semble déranger sur le plan national. Mais, le trouble est bien réel au sein du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc).
Les textes du «parti du flambeau ardent» prévoient que ne peut être investi comme candidat à la présidentielle que le chef du parti. En d’autres termes, pour reprendre l’expression chère au Rdpc, le chef du parti est le «candidat naturel». Et parce que «le Rdpc appartient au président Paul Biya et que c’était

son outil de travail et de conquête politique», pour reprendre Robert Mouthe Ambassa, membre du Comité central du Rdpc, cité par le quotidien “Mutations” de juillet 2012, ceux des militants de ce parti, qui rêvent d’accéder au pouvoir suprême ont une alternative : soit créer leur propre «boutique politique» comme Chief Mila Assouté, qui a créé le Rassemblement démocratique pour la modernité du Cameroun (Rdmc) ou Ayah Paul Abine, qui  a mis sur pied le People’s action party (Pap) ; soit aller à la conquête de la tête du parti comme ont essayé de le faire Tobie Ndi, pour reprendre une enquête du sociologue Serge Aimé Bikoï, Bonaventure Saint Eloi Bidoung et René Zé Nguélé lors du dernier congrès du parti. Le chef traditionnel dans le département du Haut-Nyong, région de l’Est s’est retrouvé avec une seule voix, la sienne, lors de l’élection du nouveau président du Rdpc. Election presque par acclamation.


Dans l’opposition, les partis politiques naissent à la faveur de la loi du 19 décembre 1990, qui sacralise la liberté d’expression au Cameroun. 237online.com Tous font au Rdpc le procès de la démocratie. Notamment des éléments constitutifs de la démocratie à l’instar d’élections libres et d’alternance. Au constat, tous, ou presque, semblent s’être appropriés ces tares devenus des qualités de la démocratie camerounaise. Ainsi, le Social democratic People (Sdf) n’a pas changé de leader depuis sa création le 26 mai 1990. Démissions en cascade et exclusions rythment la vie du principal parti de l’opposition. Le 8/2, article qui sanctionne les indisciplinés, est l’arme fatale de John Fru Ndi. L’indiscipline ici est généralement caractérisée par le fait de vouloir remplacer Ni John à la tête le parti, lequel fait aujourd’hui « ami ami » avec le Rdpc. Bernard Acho Muna, Siga Asanga, Michael Dobegan ou Tazoacha Asonganyi peuvent alors prendre la porte.


Repli identitaire
Si à l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp), Bello Bouba Maïgari n’est pas le créateur « officiel » du parti, il faut néanmoins noter qu’il contrôle le gouvernail depuis 1992, après une éclipse de Samuel Eboua, un sudiste (Moungo) à la tête d’un parti d’obédience nordiste. Un grand département de la région de l’Ouest retient l’attention de l’opinion publique depuis 1991. Là-bas, dans le Noun, qui couvre les 45% de la superficie de la région, Adamou Ndam Njoya crée l’Union démocratique du Cameroun (Udc) le 24 avril 1991. Depuis lors, il est le président.
Député aux élections législatives de 1992, le titulaire du Doctorat en Droit public international et ancien directeur de l’Institut des relations internationales du Cameroun (Iric) opère une mue et devient maire de Foumban, fief du royaume du Sultan Njoya, ancêtre de l’actuel Sultan. Ibrahim Mbombo Njoya est le sénateur pour le compte du parti au pouvoir. L’épouse d’Adamou Ndam Njoya, Hermine Patricia Tomaïno Ndam Njoya, est député de la nation.
Pendant que l’alternance à la tête des partis cités plus haut semble impossible, un autre parti a opéré une alternance à sa manière. Le Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem) d’Anicet Ekane a déjà connu trois présidents : Anicet Ekane, Banda Kani et Abanda Kpama, de regrettée mémoire. Mais, à chaque élection présidentielle, comme celle de 2011, c’est Anicet Ekane qui est investi. L’alternance opérée il y a quelques jours à la tête de l’Alliance des forces progressistes (Afp) et qui a permis à Alice Sadio de remplacer Bernard Acho Muna garde toute son originalité.

Records à la tête des partis
1- Paul Biya 82ans, Rdpc, 30 ans, (24/03/1985)
2- Ni John Fru Ndi 72ans, Sdf, 25 ans, (26/05/ 1990)
3- Hameni Bieleu 67ans, Ufdc, 24 ans, (1er /03/1991)
4- Adamou Ndam Njoya 73ans, Udc, 24 ans, (24/04/ 1991)
5- Garga Haman Adji 71ans, Add, 24 ans, (4/06/1991)
6- Jean Jacques Ekindi 68ans, MP, 24 ans, (23/05/ 1991)
7- Dakolé Daïssala 72ans, Mdr, 24 ans, (9/10/1991)
8- Bello Bouba Maigari 68 ans, Undp, 23 ans, (01/1992)