Quelle est la situation sécuritaire actuelle dans le Mayo-Rey ?
Elle est vraiment préoccupante. Plus un seul jour ne passe sans que des hors-la-loi ne s’attaquent aux populations, particulièrement à celles de l’arrondissement de Touboro. Je peux vous confirmer que tous les axes routiers sont des nids d’insécurité dans cette unité administrative.
Quel bilan faites-vous faire des prises d’otages et des paiements des rançons dans votre arrondissement ?
Je vous ai dit que tous les jours, il se passe quelque chose en rapport avec l’insécurité. Quand ce n’est pas un enlèvement, c’est un braquage ou tout simplement un assassinat. Prenons les deux derniers jours : jeudi, c’est un convoyeur de camion qui a été abattu à bout portant par des coupeurs de route dans la zone de Mbang- Rey, localité frontalière de Bélel. Dans la nuit de vendredi, à Ouro-Djodi vers Mbaïmboum, un villageois du nom de Woulik Vagai André a été tué, et des centaines de bovins emportés. Avant ça, c’était le nommé Houra du village Haidjam, dans le même secteur, qui avait été sauvagement assassiné après avoir résisté aux assaillants qui voulaient faire de lui un otage afin d’obtenir le paiement d’une rançon par sa famille. Vous constatez donc que la situation est non seulement alarmante, mais elle appelle une urgente réaction des autorités. Combien de temps doit-on encore attendre ? Combien de morts faudra-t-il comptabiliser de plus ? L’heure est à l’action contre ces brigands qui menacent la paix sociale dans notre contrée.
Quel est le mode opératoire de ces brigands ?
Ils s’introduisent dans les localités la nuit. Tout porte cependant à croire qu’ils disposent d’informateurs dans les localités ciblées. Je le dis parce que, quand ils arrivent dans un village, ils ne traînent pas. Ils se rendent directement au domicile de leur proie et se dirigent même parfois sans hésitation vers sa chambre. Après, les malfrats se replient dans des champs qui leur servent de refuge, non sans laisser leur numéro de téléphone pour les modalités de paiement de la rançon et la libération des otages. Autant ils sont renseignés sur leur proie, autant ils connaissent les mouvements des forces de l’ordre pour anticiper toute opération visant à les neutraliser.
Quelles sont les zones les plus affectées par ce fléau de prise d’otages dans l’arrondissement de Touboro ?
Tout l’arrondissement de Touboro est gangrené par ce fléau. Toutefois, il faut noter que les zones reculées sont particulièrement exposées, à l’instar du Migrant-Nord, du Migrant-Sud, de Mbaïmboum et toute la zone de Mbang-Rey qui jouxte l’arrondissement de Belel, dans l’Adamaoua. En outre, il importe de souligner que les marchés à bétail, les marchés périodiques, les marchés de céréales, les débits de boisson, les agences de voyage et autres lieux de regroupements sont des endroits fréquentés en ce moment par ces preneurs d?otages dans le but de repérer leurs cibles. Parfois, ils viennent écouler les bêtes arrachées.
Qui sont les preneurs d?otages ? D’aucuns parlent des coupeurs de route, d’autres d’éleveurs bororos ou des rebelles centrafricains. Est-ce qu’il y a un profil type du preneur d’otages ?
Les preneurs d?otages sont, dans leur grande majorité, des peuls bororos ayant perdu leurs troupeaux ou utilisés comme mercenaires par des commanditaires tapis dans l’ombre. On note aussi, quelques fois, la présence des Arabes parmi ces horsla- loi. En raison de la porosité de la frontière, il m’est difficile de tracer un profil type du preneur d’otages.