Actualités of Saturday, 27 August 2016

Source: lanouvelleexpression.info

Les syndicats lancent un convoi contre Dangote

Aliko Dangote, milliardaire et homme d'affaires nigérian Aliko Dangote, milliardaire et homme d'affaires nigérian

Ils accusent le cimentier et d’autres entreprises de mener des activités de transport, au nez et à la barbe des transporteurs locaux, sans payer les taxes à l'Etat.

«Transport pour compte propre». Pour le commun des mortels, c’est un terme qui ne signifie pas grand-chose. Pourant, dans le secteur des transports des marchandises par voie terrestre, cette expression pourrait mener à un carambolage. Entre d’un côté, les entreprises spécialisées dans les transports, et les industries qui utilisent leurs propres moyens de transports pour acheminer leurs marchandises. Cette fois encore, l’expression est au centre d’une controverse.

Entre des syndicats du secteur des Transports (Cgst, Reptroc, Sntrc, Synatraucam, etc.), et certains industriels, parmi lesquels le géant nigérian de la cimenterie Dangote. Au cœur du conflit, la décision de l’industrie d’importer des centaines de camions, pour l’acheminement de ses sacs de ciments (et autres marchandises) vers les marchés. Bref, le transport pour compte propre.

D’après les syndicats, cette initiative serait contraire aux « règles » du marché, qui veut que les industriels produisent, et que les transporteurs transportent. « Tous ceux qui transportent sur les routes du Cameroun ne sont pas des professionnels du transport routier. Certaines entreprises réalisent et transportent les denrées qu’elles produisent, mais ne sont pas soumises à une imposition aux risques transport des marchandises. Ils font de la concurrence déloyale aux transporteurs publics qui sont enregistrés aux impôts, et paient régulièrement leurs impôts et taxes au Trésor public », s’indigne El Hadj Oumarou, Coordonnateur du Bureau de gestion du fret terrestre, et chargé de mission au Syndicat national des Transporteurs du Cameroun.

Nécessité d’un encadrement de l’activité

Pour le magnat du transport routier au Cameroun, cette situation est également l’une des causes de l’insécurité routière qui fragilise la sécurité de notre pays. Du fait de leur amateurisme. Pourtant, insiste-t-il, l’activité du transport pour compte propre au Cameroun constitue une niche fiscale. Si et seulement si elle est encadrée, contrôlée et suivie. Dans le chapelet de propositions, le syndicaliste cite «L’adoption des quotas de transport de l’ordre de 70% pour les professionnels, et 30% pour les producteurs, et la détermination d’un rayon d’actions de 30 km pour les transports effectués par les professionnels».

Mais aussi l’acquisition de toute la documentation exigible pour le déplacement d’un véhicule de transport des marchandises. A savoir les pièces personnelles du véhicule (Carte grise, vignette automobile, carte rose, assurance, etc.) accompagnée des documents de transport connus par tous les transporteurs des marchandises par voie terrestre.

22,564 milliards de recettes issues de la Tva

Au sujet de la niche fiscale, le Chargé de mission du Sntrc se permet une démonstration. Citant une étude de l’Agence française de développement, intitulée «Chaîne de transport et compétitivité de l’économie camerounaise», publiée en 1995, et actualisée par le Bgft en 2016, il rappelle que le réseau bitumé camerounais supporte en moyenne un trafic global de 3,3 milliards de tonnes kilométriques. «Ce réseau est répartis ainsi qu’il suit : 56% pour les poids lourds, 28% pour les camions légers, et 16% pour les Pick-up».

Sur la base du coût de revient moyen de la tonne kilométrique d’une semi-remorque, il explique qu’elle est de 63,43 Fcfa pour un taux de chargement de 65% au Cameroun. Dans ce cas, « Pour trouver le volume du trafic des poids lourds on multiplierait 0,56 par 3,3 milliards, pour obtenir 1,848 milliards de tonnes kilométriques », lance-t-il. Avant de terminer que « La production du chiffre d’affaires annuel généré par cette activité de transport serait d’1,848 millions Fcfa multiplié par 63,43 Fcfa. Ce qui fait 117,218 milliards Fcfa. Ainsi, l’état du Cameroun pourrait percevoir par an en termes de TVA une taxe sur le transport pour compte propre, sans impôt, sans aucune taxe, un peu plus de 22,564 milliards Fcfa ».