Au Cameroun, le journaliste n’exerce pas librement son métier. Le recul est plus frappant, depuis l’entrée en vigueur en fin 2014, de la loi anti-terroriste, véritable épée de Damoclès, qui fait planer en permanence sur la tête des journalistes, la menace d’une condamnation à mort et fait trembler la corporation, dont les membres, ne savent pas à quelle sauce, ils seront mangés.
Si la floraison des journaux, estimés officiellement à 600 pour la presse écrite, 200 stations radiodiffusion sonore et plus d’une trentaine de télévision, évoluant sous la tolérance administrative-, fait penser que la liberté de la presse est une réalité au Cameroun, le pouvoir a crée le Conseil national de la communication, son bras séculier.
Officiellement chargé de « réguler » l’exercice de la profession, le CNC Search CNC dont le président est nommé par le chef du gouvernement, s’est rapidement transformé en organe de répression, à la place de la justice.
Son président, Peter Essoka, qui a évité de justesse la retraite grâce un acte administratif, pour plaire à la horde des personnalités à qui il doit sa survie, s’érige en juge et condamne à tout va, journalistes et organes de presses, par vague, parfois sans débat contradictoire. A chaque session, le CNC, ne rend que des décisions punitives. Aucun rapport d’observation sur le comportement des médias.
Les menaces exercées par le CNC sur les médias privés et les journalistes pertinents, ont fait reculer le Cameroun dans le classement mondial de Reporters sans frontières (Rsf). Le Cameroun qui a perdu 4 places, est désormais 130e sur 180 classés.
En outre, l’Etat a crée une Commission de délivrance de la carte de presse, qu’il contrôle. Le Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc), rejette ladite commission. Le puissant regroupement des journalistes camerounais, estime qu’il revient à une organisation indépendante, de délivrer la carte de presse.
Des journalistes emprisonnés
Les menaces des dirigeants camerounais se soldent par de multiples emprisonnements. L’on enregistre des cas de journalistes qui sont emprisonnés, ou sous la menace des poursuites judiciaires, simplement pour avoir fait leur travail.
C’est le cas d’Ahmed Abba, condamné par le tribunal militaire de Yaoundé, à dix ans de prison, dans le cadre de son travail autour de la guerre contre Boko Haram. Il devra payer 55 millions FCFA d'amende. Les avocats d’Abba, ont fait appel.
Trois autres journalistes sont cités à comparaitre devant le tribunal militaire de Yaoundé. Ils sont sur le coup de la loi anti terroriste.
Il y a également, le cas de Lewis Medjo, le journaliste et directeur de publication de l’hebdomadaire, « La Détente Libre », croupit depuis le 20 février dernier, à la prison de Bafoussam (Ouest). Il est reproché au journaliste Search journaliste d’avoir mis en grand titre,- contre une personnalité proche du régime-, « Une avocate au cœur d’un holdup de véhicules ».
Il a également été condamné à payer à la plaignante dix millions FCFA pour préjudice moral et au paiement d’une amende d’un million FCFA.
Autre journaliste récemment condamné, Nestor Nga Etoga. Le directeur de publication du journal, « Le Renard », a été condamné à verser 25 millions FCFA à Fipcam, une entreprise opérant dans le secteur du bois, dans laquelle il menait des investigations sur les conditions de travail, décriées par les employés.
Au delà de ces condamnations, de nombreux journalistes de la presse privée, qui traitent des sujets d’actualité brûlants, sont mis sur écoute.
Ceux-ci, dénoncent les agressions physiques et les nombreux cambriolages dont leurs domiciles font l’objet et aux cours desquels, uniquement, leurs materiels de travail dont les ordinateurs, sont emportés.