Actualités of Wednesday, 27 April 2016

Source: fr.allafrica.com

Lieutenant Njilié : L'hommage des réseaux sociaux

Photo d'archive utilisée juste a titre d''illustration Photo d'archive utilisée juste a titre d''illustration

La disparition de ce jeune officier de l'armée au front de la guerre contre Boko Haram a provoqué une impressionnante vague d'émotions..

Comme la plupart des camerounais de moins de 30 ans, le lieutenant Frédéric Njilié Fifen avait un compte Facebook. Sous le pseudonyme « Fredy Cyrano », le diplômé de la prestigieuse Ecole militaire de Saint Cyr en France se connectait au reste du monde et restait en lien avec ses quelques 500 amis virtuels. Un jeune homme, comme tant d'autres, qui a choisi le métier exigeant des armes qui l'a conduit dans l'Extrême-Nord de son pays afin de livrer un combat impitoyable contre les cerbères enragés de la déclinaison subsaharienne de l'Etat Islamique.

Dans la fleur de l'âge, tout juste 25 ans, le « birois » Njilié a ajouté malgré lui son patronyme à la longue liste des victimes militaires d'un conflit dont on devient hélas déjà habitué à dénombrer les pertes en vies humaines. La mort du lieutenant Njilié, après celles de ses frères d'armes Beltus Kwene Ebelle, Elvis Matute Mbene, Robert Djinebo, Emmanuel Yari, Delfranck Bakema et Moustapha Sadjo entre autres, a déclenché un choc numérique qui a touché aussi bien ses intimes que des camerounais anonymes.

Son profil Facebook s'est ainsi transformé en mausolée où chacun y va de son témoignage. En voici quelques-uns : « Ton sens du devoir te poussa ensuite à rejoindre l'infanterie, la mère des armées. Alors que certains fuyaient les zones de conflits, toi tu auras mis un point d'honneur à t'y rendre afin de sauver des vies, négligeant le danger. Fred, les mots : honneur, abnégation et courage te qualifient bien. Tu es tombé en héros. Tu n'as pas failli, en te battant jusqu'au bout. Tu honores ainsi ta parole. Tu vas nous manquer », « Quand je me rappel quelque années en arrière. Je le vois dans la cour du collège Vogt. Je me pose des questions, s'il fallait imaginer ceux parmi nous qui pouvais faire l'armée, je ne te voyais pas. Mais par ton courage et par amour pour ton pays, tu as fait ce choix .Qui est à encourager. Repose en paix et ne regrette rien t'es un vrai patriote. »

Trop jeune pour mourir

Le plus marquant des témoignages est celui d'une des proches du lieutenant Njilié qui a fait un screenshoot (terme anglais signifiant captation) d'un de leurs échanges sur le réseau social WhatsApp. On peut aisément lire les paroles de « Fred » dont le sens, aujourd'hui, amplifie encore plus le sentiment que son passage vers l'au-delà était trop précoce : « Il y'a tjrs le risque qu'un de nous reste car c pas la blague ces choses ci (... ) merci grande soeur pour ton soutien. Tu n'imagines pas ça me fait plaisir que tu aies suivi mon appel.

Qand on fait tt ca on se dit svt est ce que les gens en bas savent même de quoi il s'agit ? De quoi ou de quels types de barbares on les protège ? Et la regarde ce reportage, c'est vraiment réconfortant. Car la on se dit ah il y a au moins des gens qui s'intéressent ce qu'on fait ds leur propre pays. »

Dans le style « Sms en français abrégé », Frédéric Njiié donnait ses états d'âmes dans cette guerre qui se poursuit. Comme lui, de nombreux militaires gardent un lien précieux avec leurs familles et amis grâces à des envois de messages électroniques et des publications sur Facebook ou Instagram. Scènes de vie ordinaires et sourires avec des camarades d'unités sont les reflets postés sur les espaces digitaux que nous renvoient nos troupes aux prises avec un ennemi barbe et invisible.

« Au lieu d'enterrer ces braves soldats de la nation tombés au combat, ne serait-il pas souhaitable de créer un cimetière national à Yaoundé ou des générations de camerounais viendront leur rendre hommage en fleurissant leurs tombes? » s'est interrogé un internaute. Une façon de ne pas oublier « Fred », parti trop tôt pour le Cameroun dans la nuit du lundi 18 au mardi 19 avril 2016.