Du ministre Louis Paul Motaze lui-même aux simples employés figurant sur la liste des convoqués par le Consupe, chacun essaie de sauver sa peau comme il le peut au ministère des finances (Minfi). Il y a quelques jours, sous hautes instructions du président de la République Paul Biya, le Secrétaire Général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh a ordonné un audit sur la gestion des ressources issues des chapitres 65 (dépenses communes de fonctionnement) et 94 (interventions en investissement) au titre des exercices allant de 2010 à 2021.
A en croire des indiscrétions, plusieurs auraient pris la poudre d’escampette et manquent à l’appel. De sources proches de l’équipe d’auditeurs du ministère délégué à la présidence chargé du Contrôle supérieur de l’État (Consupe), les premières investigations sur les frais de mission engagés sur cette ligne de souveraineté révèlent quelques entorses aux prescriptions réglementaires.
Par exemple, apprend-on, alors que la pratique en vigueur à la Fonction publique camerounaise stipule que le nombre de jours de mission à effectuer par un agent de l’État n’excède pas 100 au cours du même exercice budgétaire, les auditeurs du Consupe ont découvert des cas où des fonctionnaires cumulent jusqu’à 600 jours de mission par an, soit six fois la norme.
La ligne 94 intitulée « Interventions en investissements », gérée par le ministère de l’Économie, et le chapitre budgétaire « Dépenses communes de fonctionnement » du ministère des Finances, communément appelée ligne 65, alimentent bien de soupçons au sein de l’opinion. Notamment en raison de l’opacité qui règne autour de leur gestion, et du volume des fonds alloués à ces deux chapitres budgétaires. Tenez ! Selon la loi de règlement 2020, qui est le bilan de l’exécution de la loi de finances, alors qu’elle bénéficiait d’une allocation initiale de 272,8 milliards de FCFA, la ligne 65 a clôturé l’exercice budgétaire 2020 avec une dotation « révisée » de 570 milliards de FCFA, qui, plus est, a été consommée à 99,7% en fin d’exercice, indique le confrère Investir au Cameroun.
De ce fait, l'audit viendra enfin mettre la lumière sur l'une des périodes les plus noires de la vie économique du Cameroun. C'est donc à cet effet que 1790 personnels du Minfi ont été convoqués au Contrôle Supérieur de l'État (Consupe) le mois dernier.