Pourquoi vous vous investissez tant dans cette affaire ? » Selon nos sources généralement bien informées, c’est cette question que le président Paul Biya pose, il y a plus d’une semaine, à Samuel Mvondo Ayolo. L’anecdote qui s’est, du coup, emparée des chuchotis de gazetiers volubiles, commentant le film de la mise en exécution du mandat son bureau du 2ème étage du palais de l’Unité, avant que ce dernier ne monte par la suite au 3ème étage prendre langue avec le contre-amiral Joseph Fouda, conseiller spécial du président de la République. De quoi parlaient-ils ? Pourquoi tant de frénésie ce jour-là, avant que dans l’après-midi, le président Paul Biya ne sorte enfin de son mutisme pour siffler la fin de la mêlée ? Bien évidement comme d’habitude le DCC va se confiner dans ses récurrents reniements.
« Seulement, même s’il s’en défend, Samuel Mvondo Ayolo fait bel et bien partie de la coterie qui a fait main basse sur la ligne 94 », commente un analyste qui connait bien les arcanes du palais d’Etoudi. Pour cet analyste volubile, la supercherie commode des faussaires à l’origine de ce casse du siècle au MINEPAT, aura consisté, dans un premier temps, à se lier d’amitié avec tous les hauts responsables du palais de l’Unité dont l’exemplarité morale n’a jamais été un fait acquis. En se liant ainsi d’amitié à ces hauts dignitaires du palais, lesdits faussaires savent d’emblée que, généralement, les palais présidentiels sont dans l’imaginaire collectif, des cités interdites, des milieux clos et opaques, des hauts lieux de pouvoir exorbitant et de puissance fantasmée. Pour ces faussaires, qui pourrait avoir le toupet d’aller fouiner dans les affaires ténébreuses auxquelles seraient mêlés Samuel Mvondo Ayolo, le général Ivo Descancio Yenwo et autres contre-amiral Joseph Fouda ?
Filon lucratif du MINEPAT
Et c’est donc à l’ombre de ces dinosaures et de tous ces clichés, objets de craintes diverses, que les voyous ambitieux et assoiffés d’argent facile et de pouvoir, ont délibérément choisi, avec toute la hardiesse d’un féticheur débrouillard, d’aller perpétrer leurs coups fumants sur la ligne 94 du MINEPAT, évalués aujourd’hui en centaines de milliards de Fcfa de perte sèche dans les caisses de l’Etat. Inimaginable, pourtant vrai. Ce n’est pas le président Paul Biya, qui aurait le dossier explosif sur sa table, après les enquêtes conjointes de la DGRE et de la DGSN, qui nous démentirait.
Toutefois, ce que l’on sait moins et qui pourrait expliquer bien de curiosités observées dans certains de ces acoquinements inexplicables et incestueux entre ces hauts responsables et les voyous détrousseurs des caisses publiques, aujourd’hui sous les feux de l’actualité, c’est que, c’est cette meute de faussaires, selon nos sources, qui aurait dessillé les yeux de la plupart desdits dignitaires du régime. Ce sont eux qui leur ouvre les yeux, afin qu’ils se servent à pleines mains dans l’abondante et gracieuse cagnotte de la ligne 94 du MINEPAT, comme viennent de le découvrir les auditeurs du CONSUPE dont le rapport est actuellement sur la table du président, en attendant celui sur la gestion brumeuse de la ligne 65 du MINFI.
Ce sont ces faussaires effectivement qui auraient amenés tous ces dignitaires à découvrir la face cachée du filon lucratif du MINEPAT, qui jusque-là engraissait régulièrement certains opérateurs économiques. Si l’on en croit nos sources généralement bien informées, Mvondo Ayolo n’aurait pas hésité à s’engouffrer dans la brèche ainsi ouverte, malgré ses dénégations actuelles. Pour des gens qui prétendent être des proches collaborateurs du président Paul Biya, ce logiciel est franchement inadapté à sa politique de rigueur et de moralisation…
Même 40 ans après son accession à la magistrature suprême. Alors question : ces acoquinements prédateurs et maffieux autour des fonds de la ligne 94, ne seraient-ils pas ce combustible qui alimente aujourd’hui la chaudière de cette vendetta organisée depuis quelques temps contre Ferdinand Ngoh Ngoh dont le crime est d’avoir actionné, sur hautes instructions présidentielles, les audits de la gestion des lignes 65 et 94 ? Passons…
Persistants reniements
En haut lieu, le sujet ne fait quasiment pas grand bruit. Mais tout le monde semble silencieusement préoccupé. Seulement, à rebours des persistants et résolus reniements du DCC publiés dans notre dernière édition, les amateurs de paradoxe semblent trouver suspect, ce long conciliabule de plus d’une heure que Samuel Mvondo Ayolo a eu avec le général Ivo dans son bureau, il y a plus d’une semaine…
Surtout quelques minutes avant que ce dernier ne décide de s’ouvrir au président de la République. Difficile pour ces amateurs de paradoxe de ne pas y voir une relation, de cause à effet, avec sa correspondance N°B2B/0024/Cf/L/Cc/Ca b/Pr du 8 février 2019 (voir fac-similé). Ce jour-là, Samuel Mvondo Ayolo demande à Alamine Ousmane Mey, ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire « de bien vouloir, en urgence, procéder au bénéfice de la société PAC International Cameroun Sarl BP 3871 Douala, au paiement de la somme de 1 182 960 000 Fcfa Ttc (un milliard cent quatre-vingt-deux millions neuf cent soixante mille francs Cfa Ttc), correspondant à 04 trimestres (mars 2018-février 2019) de la convention N°02C/Cc/Cab/Pr/017 du 07 juin 2017, relative aux travaux d’entretien et maintenance des équipements techniques de la présidence de la République ».
Car, une source au cœur du dispositif au MINEPAT indique qu’une fois aiguillonné par ses amis faussaires, c’est par ce procédé que le DCC a entrepris de se servir, à son tour, dans la cagnotte de la ligne 94 du MINEPAT. Vrai ou faux ? Cette fois-ci, la demande d’informations que nous lui avons adressée est demeurée jusqu’à ce jour, sans suite. Ce qui, toutefois, n’aurait en soi rien d’étonnant, au regard de l’actualité brûlante. Puisque ces mêmes amateurs de paradoxe estiment qu’il y a une nette différence entre la société Mack Pak international, spécialisée dans les déménagements, et la société PAC International Cameroun Sarl. A y regarder de trop près, la maffia aurait-elle voulu piéger ici la famille du président de la République ? Mais purement hypothétique, cette question devient davantage sérieuse quand on sait que la société Mack Pak international appartenait à Louis Hertz, le père biologique des jumeaux Franck et Patrick Hertz, décédé en août 2009.
D’ailleurs, c’est ce dernier (Patrick Hertz) qui a succédé à son père à la tête de cette entreprise. Si donc par une rouerie pateline les tenants de la maffia auraient voulu piéger par ce stratagème la famille présidentielle, on pourrait arguer que c’est un flop, car le DCC ne s’est pas appuyé sur un faux document pour demander le paiement de la facture de PAC International. Un mode opératoire qui est différent de celui en usage dans les pratiques des faussaires de la ligne 94 (lire l’article en page 4). Affaire à suivre dans nos prochaines éditions. Surtout que nous apprenons aujourd’hui, sous des éclairages d’orage, que certains de ces fameux faussaires, après avoir réussi le tour de force de mettre ainsi dans la nasse tous ces hauts responsables de la présidence de la République, menacent vertement d’étaler sur la place publique tous les secrets de leurs divers acoquinements, avec à la clé des noms prestigieux et des vidéos cocasses de partouzes endiablées, si on tente de mettre la main sur eux.