Selon le bihebdomadaire "L'Indépendant", 123 milliards de FCFA ont été siphonnés de Ligne 94 par des collaborateurs du chef de l'Etat camerounais. A quoi ont servi ces 123 milliards, qui sont les principaux présumés auteurs de ces détournements et qui sont les présumés bénéficiaires? La rédaction de CamerounWeb a quelques éléments de réponses qui permettront de comprendre pourquoi certaines têtes vont bientôt tomber dans le cadre de cette affaire.
D'abord, il faut comprendre que la ligne 94 (il existe encore d'autres lignes dont la ligne 64) est une ligne budgétaire destinée à certaines dépenses de la présidence de la République et de quelques projets dits prioritaires de l'Etat. Cette ligne pour la plupart des analystes, serait une sorte de caisse noire dont les secrets sont détenus par la présidence et quelques cadres du gouvernement et dont le ministère de l'Economie.
Le montant détourné et les présumés auteurs
Si L'Indépendant parle de la disparition de 123 milliards, d'autres sources parlent d'un mottant largement supérieur qui avoisine les 800 milliards CFA.
Une tribune du lanceur d'alertes Boris Bertolt qui est très introduit dans le sérail permet de mieux comprendre l'affaire.
"C’est une enquête qui peut faire exploser la République pourtant elle a été autorisée par Paul Biya. En effet, le secrétaire général de la présidence
de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh allias l’homme à la punk a récemment instruit la ministre du Contrôle Supérieur de l’Etat, Rose Mbah Acha de mener un audit de la ligne 94. La ligne 94 est une ligne logée au ministère de l’Economie et de la planification qui sert depuis des décennies à financer des opérations qui régulièrement n’apparaissent pas dans les lignes budgétaires. Elle est dotée de près de 800 milliards Fcfa. Cette ligne a été pendant des années sous le contrôle d’un certain, Jean Sylvain Mvondo, le fonctionnaire milliardaire, directeur de la programmation et des investissements au Ministère de l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire. Ce professeur de
Philosophie à la base est aujourd’hui le fonctionnaire le plus riche du Cameroun. La présidence de la République veut savoir comment ces fonds secrets qui ont parfois servi à financer des opérations secrètes ont été utilisées sous
fond d’accusations de malversations financières...Au même moment que le Contrôle Supérieur de l’Etat enquête, le Secrétariat d’Etat à La Défense ( SED) s’y intéresse également. Quelques jours après une élection contestée à la tête de la section RDPC du Dja et Lobo. Le fonctionnaire milliardaire a décidé de payer les frais APEE de tous les élèves du Dja et Lobo. Où a t’il pris tout cet argent pour un professeur de philosophie ?", écrivait le journaliste politique.
Personnes impliquée, enquête ouverte
Suite à une lettre anonyme qui a été déposée sur la table du chef de l'Etat, la présidence de la République du Cameroun a donné des instructions fermes au secrétaire d'Etat en charge de la gendarmerie d'ouvrir une enquête sur des dénonciation d'enrichissement illicite.
Les personnes concernées et directement citées sont le sieur Sylvain Mvodo, Amougou Belinga, Louis Paul Motazé. Ces personnes sont accusé de détournement massif à travers la ligne 94, qui est réservée à des dépenses de la présidence de la République.
"J'ai l'honneur de vous faire tenir ci-joint, pour exploitation, thermocopie, d'une note d'information parvenue à la présidence de la République au sujet de l'objet repris en marge", a écrit le Secrétaire général de la présidence de la République au Secrétaire d'Etat en charge de la gendarmerie. A ce dernier, il a été instruit l'ouverture d'une enquête.
Ce que dit la lettre anonyme
Dans la lettre (dont on ne sait par quelle alchimie, s'est retrouvée sur la table du chef de l'Etat), il a été dénoncé des détournements de plusieurs milliards par le sieur Sylvain Mvodo, présenté comme Directeur de la programmation et investissement public et gestionnaire de la ligne 94. L'homme a été plusieurs fois cité comme le fonctionnaire le plus riche du Cameroun.
"Selon des sources dignes de fois en service au MINPAT et au MINFI, il nous revient qu'un groupe d'individus se réclamant de votre famille et sous la protection du ministre Louis Paul Motazé et en complicité avec le ministre Séraphin Magloire Fouda, ponctionne les caisses de l'Etat à travers la ligne 94...Depuis la prise de fonction de monsieur Alamine Ousmane Mey au poste de ministre de l'Economie, ce dernier a essayé à moult reprises de muter Monsieur Mvodo Sylvain. Le ministre de l'Economie s'est heurté à une vive résistance du ministre Motazé et de l'homme d'affaires Amougou Belinga, du secrétaire général des services du Premier ministre et un haut responsable de la Présidence de la République", lit-on dans la lettre.
"Ces résistants détracteurs de votre politique économique, ont donc décidé de bloquer et de contrôler la ligne 94 et ont imposé au MINEPAT, la personne de Monsieur Sylvain Mvodo. A partir de ce monsieur, ils contrôlent tous les engagements, naturellement à leur profit...Vous comprendrez dès lors, monsieur le président de la République, comment Amougou Bélinga s'est constitué une fortune colossale, au point de narguer les Camerounais et nos institutions", lit-on également dans la lettre.
Des promoteurs de médias bénéficiaires
Il s'agit des révélations faites par Saint-Eloi Bidoung hier dimanche sur la chaine de télévision privée Info TV. Selon l'ancien cadres du RDPC, Jean Pierre Amougou Bélinga a perçu du financement de la ligne 94 et n'est pas le seul. La plus grande majorité des opérateurs économiques issus des dix régions du Cameroun, révèle l'homme politique, ont aussi pris des portions de ce fonds.
Le promoteur de la chaine de télévision Canal 24 TV, Adrien Kemogne aurait aussi perçu du financement de cette même ligne, de même que Siantou et bien d’autres.
Saint-Eloi Bidoung croit que les débats autour de cette fameuse ligne 94 sont « vains » et « stériles » qui vont nous amener « dans les problèmes ».
Créée en 2013, la chaine de télévision privée camerounaise Canal 24 se distingue aussi par ses documentaires sur les faits de société, la musique, l’humour, le cinéma, et surtout la diffusion des informations en provenance des 10 régions du pays grâce aux Correspondants locaux installés dans les principales villes du Cameroun.
La chaine qui emploie une trentaine de personnes, a enrichi sa grille des programmes par des émissions de débat sur les faits de société. « Entretien » diffusée les dimanches de 19h à 20h, fait partie des émissions à forte audience de la chaine.