La mesure ne date pas d’hier ; elle a juste été remise au programme obligatoire des établissements scolaires à la faveur de la lutte contre la pandémie à Covid 19, un peu plus de vingt ans après. Lors de la rentrée scolaire 2020 – 2021 en effet, un arrêté conjoint des ministres de l’Éducation de base et des enseignements secondaires fixe le nombre d’élèves à un maximum de 50 par classe. C’est l’application d’une des mesures barrières, parmi tant d’autres, édictées par le gouvernement, et qui recommande la distanciation physique d’au moins un mètre entre les individus, à l’effet de réduire les risques de contamination au coronavirus. Le 19 août 2022, un nouvel arrêté conjoint fixant le calendrier de l’année scolaire 2022-2023 allège cette restriction. Il indique alors que « sous réserve de l’évolution de l’épidémie à Covid 19, les effectifs de classe ne devront pas déborder 60 élèves par classe » ;
soit un relèvement de 10 places supplémentaires par rapport aux 50 élèves des deux années précédentes. Certes, ce sont des motifs de santé publique qui sont mis en avant pour évoquer aujourd’hui la limitation du nombre d’élèves par classe. Mais, il faut rappeler qu’à la genèse de cette limitation d’effectif par classe en 1996, sous la férule du ministre de l’Éducation nationale de l’époque, Robert MBELLA MBAPPE, c’est bien des raisons pédagogiques qui justifient la décision. Avec des effectifs notoirement pléthoriques, le Cameroun vit une « crise » de son école.
Là où les normes de l’UNESCO indiquent que la taille d’une classe ne devrait pas dépasser 25 à 30 élèves, l’écart semble normalisé au Cameroun avec des salles de classe dont la fourchette des effectifs varie entre 75 et près de 150 élèves. Les praticiens de l’enseignement sont unanimes pour reconnaitre qu’un enseignant qui doit préparer son cours, le dispenser, ensuite évaluer ses élèves et effectuer des corrections, ne peut s’en sortir dans ces conditions.
Dans les rangs des responsables de l’enseignement privé et confessionnel par contre, on n’hésite pas à faire observer que la limitation des effectifs à 60 élèves par classe cause plutôt un manque à gagner qui empêche d’assumer sereinement les charges financières de l’établissement. Impossible donc de respecter les prescriptions du gouvernement en la matière.
Dans l’optique de remédier durablement à la situation qui met à mal l’encadrement pédagogique des élèves, plusieurs travaux de recherche spécialisés identifient un problème fondamental : l’explosion démographique. Les infrastructures et capacités d’accueil des établissements scolaires n’augmentent pas proportionnellement à l’accroissement du nombre d’élèves.
Les spécialistes préconisent alors de consacrer des ressources nécessaires et suffisantes non seulement à la construction des infrastructures, mais aussi à la formation, au renforcement et au maintien du personnel enseignant et d’encadrement. L’émergence des mouvements d’humeur du personnel enseignant et d’encadrement sous la bannière des OTS (On a Trop Supporté) et OTA (On a Trop Attendu) est symptomatique de la crise qui gangrène le système éducatif camerounais.