Le ministre Henry Eyebe Ayissi est interpellé à se prononcer dans l’affaire du litige foncier qui secoue Bonangando. C’est le premier vice-président du SDF qui l’a interpellé ce lundi 23 mai 2022 à l’Assemblée nationale.
Monsieur le Ministre des Domaines, Ma circonscription, berceau de notre pays, de ce triangle national, DOUALA Ier, a beaucoup de problèmes et vous les connaissez. Malheureusement, les usagers ou alors les camerounais n’utilisent pas vos services et ne savent pas que votre ministère est probablement le ministère le plus corrompu de ce pays. Non seulement il est corrompu, mais la corruption fait en sorte qu’il est constamment incohérent.
Il n’y a pas un seul endroit au Cameroun où il n’y a pas de problèmes de titre foncier, d’annulation, de reprise, de ceci, de cela : un jeu de ping-pong sans fin. Ce qui fait qu’aujourd’hui un titre foncier au Cameroun est devenu un chiffon. Les banques sont sur liquide parce qu’on n’arrive pas à garantir les prêts ; et pourquoi est-ce qu’on n’arrive pas à garantir les prêts ?
Parce qu’aucune banque au Cameroun, Monsieur le ministre, ne considère plus le titre foncier comme une garantie. Je discutais avec un banquier qui m’a dit qu’il ne serait pas étonné qu’un jour un client vienne poser le titre foncier du Palais de l’Unité sur sa table pour un prêt.
Monsieur le Ministre, dans ma circonscription, la communauté de BONANGANDO a été autorisée en 1992 d’immatriculer 2500 ha à Akwa Nord sur ses terres ancestrales. L’Etat du Cameroun s’est engagé aux côtés de cette communauté pour un aménagement concerté à travers une convention établie de manière consensuelle et concertée. Contre toute attente, Monsieur le Ministre, vous avez le 31 octobre 2019 décidé d’autoriser l’engagement d’une procédure d’immatriculation sur 338 ha de terrain à BONANGANDO situé dans la zone que vous-même avez déclaré d’utilité publique pour l’Etat du Cameroun et la communauté BONANGANDO.
Quand ces populations sont venues vers moi avec ce dossier et que j’ai vu tout ce que j’avais devant moi, Monsieur le Ministre, j’ai été tellement perplexe que je me suis dit que ça doit être de la sorcellerie. Comment est-ce que l’Etat du Cameroun peut être spolié par le gouvernement ? Comment est-ce que l’Etat du Cameroun peut mettre sur pied une DUP sur 2500 ha et le gouvernement décide d’émettre des titres fonciers sur 338 ha et ce n’est pas deux départements ministériels différents, c’est un seul département ministériel.
Heureusement, Monsieur le Ministre, le Premier Ministre, chef du Gouvernement a décidé de faire valoir la loi et a demandé l’annulation des deux titres fonciers que vous avez établis sur ces terres de la communauté BONANGANDO qui du reste faisaient déjà l’objet d’une DUP. Mais malgré la fermeté du Premier ministre et l’injonction d’y répondre sans délais, le 05 juillet 2021, je dis bien aujourd’hui, il me semble bien que vous n’avez pas encore exécuté cette demande qui date je crois du mois de Février.
Je me demande s’il y a deux gouvernements au Cameroun ou je me demande si même le Premier Ministre ne peut plus faire respecter la loi dans ce pays ou alors je me demande si les populations de BONANGANDO ne sont plus des camerounais. Je me demande si c’est la personne qui est Premier Ministre qui fait problème et donc on pourra assimiler ça encore une fois à de la marginalisation des Anglophones, qu’une demande soit faite pour l’annulation d’un titre foncier et le ministre membre de ce gouvernement ne daigne pas répondre à cette demande quelques mois après.
Monsieur le Ministre s’il y a autre chose que nous n’avons pas compris je vous accorde le bénéfice du doute parce que quelquefois lorsque les populations viennent nous voir elles ne nous disent pas tout ; s’il y a autre chose qu’on n’a pas compris Monsieur le Ministre, je pense que c’est l’occasion ici de venir nous le dire.
Monsieur le Ministre ce problème des Bonangando se répète partout. On a un titre foncier, on l’annule ; on a un autre titre foncier, on l’annule ; on a un titre foncier, on annule … On ne sait même plus où on va. Il est temps, Monsieur le Ministre, d’accélérer la réforme foncière pour sortir je dirais de cet imbroglio sans fin que nous avons avec nos terres. Aujourd’hui même dans nos propres villages on n’est même plus sûr d’être propriétaires des terres sur lesquelles on a enterré nos propres parents.
Monsieur le Ministre, merci beaucoup pour les réponses que vous voudrez bien m’apporter, merci beaucoup d’apporter une réponse que je souhaite favorable aux populations ou à la Communauté Bonangando.