Actualités of Thursday, 16 June 2022

Source: www.camerounweb.com

Logements sociaux : entre Ketcha Courtes et Marie Rose Dibong c'est la guerre

Ketcha Courtes et Marie Rose Dibong Ketcha Courtes et Marie Rose Dibong

Le ministre de l’Habitat et du développement urbain est accusée d’empêcher la réalisation du projet de construction de 3000 logements sociaux à Yaoundé et Douala évalué à 8 milliards obtenu auprès de Shelter Afrique par sa secrétaire d’État.

L’affaire remonte en 2019 lorsque Marie Rose Dibong, la secrétaire d’État au ministère de l’Habitat et du développement urbain est désignée administrateur, représentant l’État du Cameroun au sein du Conseil d’administration de Shelter Afrique, pendant que l’actuel directeur général de la Société immobilière du Cameroun (Sic) alors secrétaire général de ce ministère est désigné suppléant. Saisissant cette opportunité, l’État du Cameroun, grâce à l’entregent de dame Dibong, a pu obtenir un financement d’environ 8 milliards de Fcfa pour la réalisation de la première phase du programme de construction de 3000 logements sociaux à Yaoundé et Douala, en partenariat avec Shelter Afrique. Dans ce partenariat, la Sic est appelée à jouer le rôle clé, notamment en portant les parts du gouvernement dans le capital de la personne morale devant être créée pour la réalisation du programme en assumant toutes les responsabilités et les diligences relatives à la disponibilité et à la qualité des terrains proposés et en s’assurant de la réalisation des voies primaires et des équipements collectifs considérés comme apport en nature. Tel est d’ailleurs le sens du mémorandum d’entente qui a été signé entre l’État du Cameroun représenté par le Minhdu et Shelter Afrique.
A ce jour, la poursuite harmonieuse de ce programme est entravée par un dissentiment entre la secrétaire d’État auprès du Minhdu et la Minhdu, par ailleurs président du bureau de l’Assemblée générale des actionnaires de Shelter Afrique qui désire confier sa réalisation à une société privée. Cette divergence serait si vive qu’elle est aujourd’hui la cause du blocage du programme. C’est en fait ce qui ressort de la note d’information de Shelter Afrique. Toujours selon la même note, « l’on ne saurait occulter les mauvaises pra- tiques du Minhdu qui sème la discorde et la mé- sentente au sein de Shelter Afrique, en s’opposant au Conseil d’administration qui a validé la déci- sion du Conseil de direction limogeant le directeur général pour mauvaise gestion afin de protéger son ami Andrew Chimphondah ». Et de poursuivre : « la présidente de l’Assemblée générale (Célestine Ketcha Courtes) a également voulu entendre cette gangrène aux actionnaires en leur adressant des correspondances visant à dénigrer le Conseil de direction. C’est dans la même perspective qu’un mémorandum sur la mauvaise gouvernance de ce Conseil a été produit par le Dr Steve Mainda, ancien président du Conseil d’administration. Cette situation a suscité le courroux des actionnaires, ainsi qu’une image peu reluisante de la diplomatie camerou- naise ternie par des agissements qui s’inscrivent en marge de l’orthodoxie et l’exemplarité dont devait faire montre tout représentant d’un État au sein des institutions étrangères. Voilà à quel point les intérêts égoïstes peuvent conduire un responsable d’un État, obnubilé par la folie de grandeur et l’imposture, jusqu’à vendre son âme au diable en ternissant outrageusement l’image du pays ».

En ce qui concerne des complicités avérées entre Ketcha Courtes et le directeur général de Shelter Afrique, Andrew Chimphondah, il faut dire que ce dernier a longtemps été épinglé pour des supposées malversations financières. L’affaire a fait des vagues au sein de l’institution depuis le début de l’année 2021, lorsque le Conseil d’administration est saisi. L’audit commis pour la circonstance a ainsi confirmé des paiements non autorisés d’à peu près 5 millions de dollars, d’une politique de gestion des ressources humaines chaotique et l’absence des contrôles effectifs, confirmant ainsi des présomptions de détournement de fonds dans un projet immobilier au Rwanda et deux projets au Kenya. Non sans évoquer le fait qu’il a porté unilatéralement un crédit validé y le Comité de 1,3 millions de dollars à 2,3 millions de dollars. Le projet de construction de 3000 logements sociaux à Yaoundé et Douala où elle s’ébroue à le confier à un opérateur privé ne participe t-il pas de cette logique de faire main basse sur les 8 milliards de Fcfa habilement acquis par Marie Rose Dibong ? L’on répondrait par l’affirmative, tant il est vrai que ce projet est en passe de subir le même sort que ceux du Kenya et celui du Rwanda. Pour rappel, Shelter Afrique est la seule institution panafricaine de financement appuyant exclusivement la promotion de l’habitat et du secteur immobilier en Afrique. Il est établi dans 44 États africains et bénéficie du soutien de la Banque africaine de développement (Bad) et de la Société africaine de réassurance.