Sept ans après avoir souscrit au projet d’une durée de 4 mois, aucune construction n’est en vue. Les victimes ont décidé de saisir la justice pour réparations des préjudices.
C’est visiblement l’une des plus grosses arnaques immobilières au Cameroun. Sept ans après avoir mobilisé près d’un milliard FCFA de leurs fonds, plus de 180 personnes ont décidé de porter l’affaire en justice face à l’incapacité de la Southwest international construction corporation (SICC) à construire leurs logements. Tout avait pourtant bien commencé.
En juin 2010, la SICC, branche camerounaise d’une firme présentée comme un groupe américain, lance ses activités au Cameroun. Sa promotrice, Brigitte Soppo Ngalle, s’associe à un partenaire américain dont elle affirme disposer de 40 ans d’expérience dans le développement immobilier, et propose de construire à Yassa par Mbanga-Bakoko, lieu dit Grande Trame, 180 logements individuels « haut standing » en Système d’infrastructures préfabriquées (SIP). La SICC propose trois types de logements, pour un prix compris entre 26 millions et 46 millions FCFA, hors frais de souscription et autres frais notariés.
Après une grande campagne de promotion, cette société convainc, entre 2010 et 2011, plus de 180 cadres camerounais de souscrire au projet. La proposition est simple: l’acquéreur signe un contrat de réservation moyennant paiement d’une avance minimale de 10% de la valeur du logement sollicité; le Crédit foncier du Cameroun (CFC), société étatique, finance l’opération, par un crédit accordé au futur propriétaire, mais mis directement à la disposition du constructeur SICC; pour les achats directs, sans crédits, les fonds sont versés directement dans les comptes de SICC au Cameroun ou aux Etats-Unis, où SICC dispose aussi d’un bureau; la livraison de la maison se fait au bout de quatre mois, et après un différé d’un an, le propriétaire commence les remboursements.
Mais sept ans plus tard, aucune construction n’est en vue sur le site, si ce n’est trois logements témoins réalisés au début des travaux. Dépités par des années de promesses non tenues, le collectif des acquéreurs s’est résolu à saisir la justice. Il a organisé une conférence de presse suivie d’une visite sur le site à construire hier samedi, dans le but d’informer le public, les autorités et instances nationales et internationales de mettre fin à la filouterie de la SICC, à qui la reconstruction du marché Congo à Douala est par ailleurs confiée depuis 6 ans sans grands changements.
Pour Brigitte Soppo Ngalle, le projet a fait face à un manque de financements de ces partenaires. Initialement réalisable à 7 milliards F, ce projet, dit-elle, vient d’être révisé à 29 milliards Fcfa, pour 90 logements individuels et 60 immeubles de 480 appartements dont 08 appartements par immeuble.
La promotrice de la SICC rassure ses clients de la livraison des logements en 24 mois avec l’apport de nouveaux partenaires financiers. Du dilatoire, rétorquent les acquéreurs. Pour Me Michèle Ndoki, avocate-stagiaire et victime, il n’est plus possible de croire à la promotrice de la SICC, car elle ne dispose ni de partenaires financiers crédibles, ni de la matière première pour la construction des logements en SIP.
Plus grave, argue-t-elle, la nouvelle configuration du projet ne respecte plus les engagements préalablement signés entre la SICC et ses clients. Il est désormais temps, conclut Me Ndoki, que la SICC réponde de ses actes devant la justice et répare les préjudices causés à ses clients.