Dans un entretien poignant accordé à Jeune Afrique le 23 octobre à Paris, le chanteur camerounais Longuè Longuè revient sur son calvaire et ses conséquences, cinq ans après avoir été torturé dans les locaux de la Semil à Douala.
L'artiste, connu pour sa jovialité et ses "directs" animés sur Facebook, apparaît aujourd'hui profondément marqué. "Je préfère que vous preniez des notes", confie-t-il au journaliste de Jeune Afrique, refusant tout enregistrement lors de leur rencontre dans un café parisien.
"Je me sens marginalisé par ce peuple que je voulais libérer", déplore l'artiste qui dit éprouver un mélange de "fierté" et de "regret". Fierté de n'avoir jamais abandonné son combat, regret d'avoir tout perdu. La confiscation de son passeport, jamais restitué depuis 2019, symbolise les entraves persistantes à sa liberté.
La publication des images de torture répond à un besoin de vérité face aux détracteurs qui l'accusaient d'affabulation. "Ils paieront et justice sera faite", affirme le musicien qui espère désormais le soutien du "peuple" camerounais.
L'enquête ordonnée par le ministre de la Défense pose question quant à ses implications potentielles pour Émile Bamkoui, le patron de la Semil. Ce dernier, proche du secrétaire général de la présidence Ferdinand Ngoh Ngoh, avait personnellement contacté l'artiste au lendemain des faits pour l'informer de sa libération.