Cinq ans après avoir été victime de torture, l’artiste camerounais Longue Longue s’est confié sur TV5 Monde ce vendredi 25 octobre 2024. L’auteur de "Ayo Africa" a révélé les détails poignants de cette épreuve, marquée par des années de silence et de souffrance. Dans une intervention émotive, il a évoqué le poids de ce secret et le soulagement ressenti en rendant publique la vidéo de sa torture, longtemps gardée sous silence.

« Je suis soulagé parce que justice sera faite », a-t-il affirmé, visiblement ému. Selon ses explications, tout a basculé lorsqu'il a reçu un appel des États-Unis. « Quelqu’un m’a appelé et m’a dit : 'J’ai ta vidéo'. J’avais prévu de la publier mercredi, mais j’ai reçu des menaces. Cette vidéo va libérer tous ceux qui sont victimes d’injustice au Cameroun. Ils s’en sont pris à moi parce qu’ils ne sont pas des démocrates. J’avais simplement donné mon avis après l’élection présidentielle de 2018, estimant que Maurice Kamto avait gagné. »

Cette déclaration a provoqué une onde de choc, tant au Cameroun qu’à l’international, relançant le débat sur la liberté d’expression et les droits humains dans le pays. Longue Longue, connu pour son engagement social, a toujours été un artiste controversé, mais cette révélation met en lumière une facette bien plus sombre de son parcours.

Le ministre de la Défense a, de son côté, annoncé l’ouverture d’une enquête, une mesure qui n’a pas suffi à apaiser les doutes du chanteur quant aux résultats éventuels. « J’attends que justice soit faite », a déclaré Longue Longue. « C’est vrai que chaque fois qu’on ouvre des enquêtes au Cameroun, cela n’aboutit à rien, mais cette fois-ci, la chance, c’est que je suis en Europe. Dieu a choisi une personne pour libérer tous les Camerounais, pour mourir pour cette cause. »

Aujourd’hui, l’artiste, surnommé "l’Ambassadeur des causes sociales", se sent soutenu par une grande partie de la population. « Tout le monde m’encourage. Certains disent : 'Quand tu disais qu’on t’a torturé, personne ne te croyait. Excuse-nous'. » Pourtant, cette reconnaissance tardive ne suffit pas à dissiper ses craintes. « J’ai peur de retourner au Cameroun », a-t-il avoué, en ajoutant qu’il avait retiré le pays de ses futurs projets. « Je ne compte pas rentrer au Cameroun. »