L'opération de pacification de certains villages situés à la frontière Cameroun- Nigeria en fin de semaine dernière a été un succès. Les militaires de l'opération Alpha sont répartis sur le terrain. Leur destination est savamment gardée secrète. L'on a tout de même appris que les soldats d'élite sont allés se joindre à leurs homologues nigérians de l'opération Lafiya Dolle, pour débusquer les derniers fiefs de Boko Haram. Les militaires nigérians avaient reçu du président Muhammadu Buhari l’injonction d'éradiquer la secte en fin décembre2015. Ils ont depuis le mois de juillet dernier fait une avancée importante, poussant Boko Haram hors de villes que la secte contrôlait. De nombreux combattants ont été tués ou arrêtés.
Des irréductibles se sont retranchés dans des sanctuaires de la forêt de Sambisa, des hauteurs des monts Mandara et surtout dans la ville de Kumche. Une citadelle dont l'accès est rendu difficile par le tapis de mines qu’ils y ont plantées. De plus, fidèles à leur tactique de furtivité, ils s'évaporent à l'arrivée des armées pour les prendre à revers. Dans la vastitude du Nord Est nigérian, il est difficile d'avoir assez de militaires pour tout contrôler. Nigérians et camerounais en ont pris conscience. Ils ont donc décidé de pousser plus loin leur collaboration sur le terrain. L'imbrication est symbiotique avec le Bir. Désormais, les opérations Alpha et Lafiya Dolle, s’harmonisent assez souvent.
A Maroua mercredi soir, les journalistes ont été conviés à apprécier une manifestation du résultat de l'opération du week-end dernier. Nombreux d'entre eux étaient vers 21 heures aux services du gouverneur. Midjiyawa Bakary y offrait un repas. Ses hôtes étaient des nigérians. Ils étaient entre1000 et 1250 selon les évaluations. Ils sont arrivés aux alentours de 21 h30. Ce sont des nigérians des villages où ont eu lieu les combats entre le Bir et les combattants de Boko Haram. Les hôtes du gouverneur ont fuis la violence des affrontements. Ils se sont réfugiés à Kolofata. Ils y ont passé près d'une semaine au frais du Cameroun. Ce dernier a décidé de les raccompagner chez eux.
Ils ont été convoyés à Boukla par Bourha dans le département du Mayo Tsanaga. C'est la frontière avec le Nigeria non loin de la ville de Mubi. Là-bas ils seront remis aux soins de leur gouvernement. Mais, avant, ils devaient faire l'escale de Maroua. Le gouverneur sous de mystérieuses instructions tenait à les recevoir et surtout à les montrer. Une attitude qui n'est pas du goût de tous. Des militaires redoutent les effets pervers de cette campagne de communication qui fleure le triomphalisme. " Nous avons l'habitude de ce type d'opération. Nous n'aimons pas publier dessus parce que, nous savons par expérience qu’avec Boko Haram, les choses ne sont jamais simples. Nous les avons certainement amochés, mais ils peuvent revenir quelques jours ou quelques heures plus tard poser un acte spectaculaire, démesuré ou ignoble qui balaie la crédibilité de celui qui a chanté victoire trop tôt.
Nous préférons mener ces opérations, en dire le strict nécessaire et les évaluer après six mois. Mais, le politique a une approche propre à lui expose un militaire.