Actualités of Saturday, 8 October 2022

Source: www.camerounweb.com

Médias, politique et homosexualité au Cameroun, le jour où tout a basculé pour les ministres de Paul Biya

La question de l'homosexualité ne date pas d'hier au Cameroun La question de l'homosexualité ne date pas d'hier au Cameroun

La question de l'homosexualité quoique très médiatisée ces derniers temps ne date pas d'hier au Cameroun. C'est une problématique qui date du début des années 2000.

En 2006, la presse camerounaise publie "la liste des homosexuels de la République". Telle une bombe, de grosses révélations avaient retenti de plein fouet sur le gouvernement de l'époque. Trois organes privés de presse, La Météo, La Nouvelle Afrique et L’Anecdote publient des listes de personnalités publiques présumées homosexuelles.

Il faut le reconnaitre, ces révélations ont dénudé l’homosexualité sur la place publique, non sans renforcer la stigmatisation de ceux qui en sont soupçonnés. De fait, prises de court par ces accusations, certaines des personnalités listées réagissent par des procès contre les journaux pour tenter de se sortir de ce « lynchage sur tabloïds », et obtiennent la condamnation de quelques directeurs de publication.

L'on se souvient encore de la conférence de presse donnée par Jean-Pierre Amougou Belinga en marge de ces révélations qui impliquaient également le journal Anecdote dont il était le Directeur de publication.

« Nous avons les preuves de ce que nous avons écrit » déclarait-il. Et d’ajouter, en guise de « preuve » : « des épouses de ces gens nous ont contactés. Ce n’est pas encore le moment d’aller plus loin. C’est aussi une question de stratégie »

D'après Cairn Info, ministres et anciennes personnalités figurent sur les listes

« En partie attaquées par les trois journaux, les plus hautes sphères de l’État – onze ministres et anciennes personnalités figurent sur les listes – s’indignent par le biais du président de la République lui-même lors de son traditionnel discours du 10 février marquant la célébration de la Fête de la jeunesse.

Si le chef de l’État dénonce le non-respect de la déontologie de la part des « journaux de listes », et relègue la vie sexuelle à la « sphère privée », les pouvoirs publics qu’il représente laissent néanmoins s’accentuer la répression contre des « cadets sociaux »accusés d’homosexualité pour tenter de regagner les faveurs de l’opinion médiatique. Cette politisation du débat sur l’homosexualité – dans le sens où le Cameroun est quasiment le seul pays d’Afrique où la critique de ce fait s’articule à celle des dirigeants politiques – a donné lieu à plusieurs interprétations. Ludovic Ladŏ y voit le signe d’une « homophobie populaire »
lit-on chez Cairn Info.

Le ministre de la Communication, le Pr. Pierre Moukoko Mbonjo, qui n’a pas lui-même pas été épargné par deux des titres qui ont traité le sujet, est monté au créneau, indique Rfi, rappelant l’impérieuse nécessité du professionnalisme des journalistes et annonçant des plaintes en cascade, à l’occasion de la cérémonie de présentation de vœux. Le dynamisme de quelques titres sur ce sujet, riche de leurs accusations non étayées, a même pu être interprété comme une des modalités des règlements de comptes auxquels se livrent des gros bonnets du régime, dans une ambiance faite d’attente d’un éventuel remaniement ministériel qui, comme toujours, prend des allures d’un serpent de mer.