Mathias Éric Owona Nguini analyse le mémorandum envoyé au Président de la République par le Cercle de Réflexion des Élites de l’Adamaoua. Selon ce document, les ressortissants de la Région château d’eau du sont victimes d’exclusion. Le politologue, enseignant d’Université, a été interviewé par La Nouvelle Expression parue le 25 août 2016.
Question : Un document intitulé « Mémorandum de l’Adamaoua » est au cœur de l’actualité ces derniers jours. L’auteur de ce document reste introuvable jusqu’à ce jour. Comment comprendre cela ?

Owona Nguini: La compréhension de ce procédé est simple. Le caractère de la problématique soulevée dans ce mémorandum fait en sorte que son auteur présumé ne se soit pas clairement identifié. Tout simplement parce que ce document met fortement en cause la gestion des ressources humaines, des ressortissants de la région de l’Adamaoua par le pouvoir en place.

Question: Un cacique du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) dans la région, également ancien ministre Hamadjoda Adjoudji, a réagi à la publication de ce document. Comment appréhendez-vous l’ébranlement de l’élite RDPC de la région de l’Adamaoua ?

Owona Nguini: La réaction du RDPC suite à la publication de ce document est assez compréhensible. Il s’agit pour le RDPC de contrer la diffusion dans l’opinion des positions et des revendications contenues dans ce mémorandum. Le document est au nom des élites de l’Adamaoua, ce qui n’est pas acceptable pour les élites du RDPC de l’Adamaoua. Il s’agit pour les partisans du régime en place de montrer que ce qui est dit dans le mémorandum n’est pas exact.

Question: L’on se trouve presque dans une sorte d’impasse. C’est-à-dire l’auteur, ou les auteurs du « mémorandum de l’Adamaoua » ne sont pas connus et ne le seront peut-être jamais. Quels peuvent être les scénarios qui se posent dans le cadre de l’issue de cette affaire ?

Owona Nguini: Se pencher sur la question des scénarios relève ici de la conjecture et de la spéculation. L’essentiel semble déjà avoir été fait par les auteurs de ce mémorandum. Ils voulaient certainement mettre en lumière, en discussion ce qui leur apparait être une gestion discriminatoire des ressources dans le pays. Une gestion qui fait ainsi en sorte que leur région ne bénéficie pas d’un véritable taux de représentation au sein de l’État et des mécanismes paraétatiques.