Le phénomène à la mode dans les cybercafés au Cameroun, voir en Afrique ce serait-il déporté dans les entreprises ?
Il y a quelques années s’était une étudiante de l’Université de Buéa qui mettait fin à sa vie après la divulgation de ses photos sur le réseau Internet et sur les babillards de l’université par ses camarades.
Plus récemment encore la fameuse fille de Deido a défrayé la chronique dans la capitale économique Douala et sur le web avant qu’une enquête de journaliste ne vienne mettre un terme à la polémique.
Les photos de la fille de AES Sonel qui circulent depuis des semaines dans les boîtes Email sur Internet rentrent t-elle dans la même logique ? Le personnel de AES Sonel approché par notre reporter ne souhaite pas pour l’instant s’exprimer sur la question. En attendant les photos continuent de faire le tour du monde.
Le Web 2.0 ?
Selon l’expert Vincent Dufie, le web 2.0 est en grande partie responsable de l’explosion de ce phénomène.
En effet, cette question connaît « un nouveau développement avec l'explosion du Web 2.0 : le concept même des sites communautaires, forums et autres réseaux sociaux est précisément de permettre une libre interaction entre les personnes.
Incontestablement, cette liberté est propice à l'offre de services de prostitution sur ces sites, les mettant ainsi en risque de proxénétisme si, à l'instar des sites de rencontres "classiques", ils ne surveillent pas leur service.
Or, nombre de sites communautaires (blogs, forums de discussion, DailyMotion...) ont été récemment considérés par la jurisprudence comme des hébergeurs, non soumis à l'obligation de surveillance générale de leurs contenus et non responsables des contenus qu'ils hébergent, jusqu'à tant que leur caractère "manifestement illicite" leur soit signalé (c'est le fameux régime de responsabilité "allégée" de l'hébergeur).
Dans ces conditions, une question se pose fatalement : un réseau social ou un blog, qualifié d'hébergeur, abritant des annonces de prostituées est il soumis à un devoir général de contrôle, ce qui ne serait pas cohérent avec son statut légal, ou est il soumis au régime de responsabilité allégée, ce qui aurait pour conséquence de créer un système à deux vitesses avec les sites de rencontre "classiques" (qui sont eux pleinement responsables de leur contenus) ?
La réponse logique voudrait que, comme pour tous les sites communautaires, la qualification d'hébergeur soit retenue et que l'on compte sur les utilisateurs pour dénoncer d'éventuels "contenus manifestement illicites". Pour autant, une offre de prostitution est elle "manifestement illicite" et peut on compter sur les clients pour dénoncer les prostituées ? On peut en douter.
Face au développement de la cyber-prostitution, la réponse judiciaire semble donc relativement floue et peu adaptée au développement du Web communautaire. Il reste alors aux tribunaux, voire au législateur, de se prononcer sur ce point, au risque de voir rouvrir les maisons closes ... sur Internet. »
En attendant ce sont les bureaux des entreprises offrant la connexion Internet à leurs employés pour travailler qui seront utilisés par les cybers-prostituées à la recherche de l’âme sœur.
Si les copines de « Major Assé » dans la précarité à Mvog Ada ou à la rue de la joie à Deido sont aujourd’hui en concurrence avec les cadres dans les bureaux feutrés des grosses boîte de la place, on peut légitimement se poser la question de savoir si c’est toujours la recherche du « blanc » qui en est la motivation.
Malgré les décès, les risques encourus, les campagnes de sensibilisation des ONG, les nombreuses parutions notamment celle de Amélie James Koh Béla ; le phénomène n’a pas reculé. Et demain à qui le tour …