Selon une source proche du dossier, «toutes ou presque ont déjà été placées en débet. L’État veille à ce qu’ils remboursent jusqu’au dernier centime, sans préjudice des poursuites judiciaires engagées contre eux».
Le ministère des Finances est actuellement au centre d’un gros scandale de détournement de fonds publics. Plus de 700 personnels sont actuellement placés en débet. Selon les informations relayées par Cameroon Tribune vendredi janvier 2017, ces personnels exploitaient une «vieille combinaison» surnommée «Mboma» depuis l’informatisation du système de gestion de la solde et des pensions.
«Concrètement, les fonctionnaires se font payer à plusieurs reprises les mêmes émoluments: salaire mensuel, rappel de soldes, avance de soldes, avancement de grade, reclassements, etc.», apprend-on. Au courant de l’année 2016, plusieurs personnels du ministère des Finances précisément en service à la cellule informatique de la direction de la dépense, de la solde et du personnel ont été interpellés et placés en détention provisoire à la prison centrale de Kondengui.
Ils sont inculpés du détournement présumé de 1,3 milliard F à travers le gonflement indu de salaires et primes au profit de plus de 700 agents publics. Il s’agit de militaires, policiers, enseignants, diplomates et de fonctionnaires de l’information aussi, détaille le journal.
«Généralement, les fraudeurs bénéficient des complicités internes. Ce sont ces complices-là qui approchent les usagers et leur proposent de multiplier leurs gains qu’ils se partageront à l’aboutissement du dossier. Ils procèdent donc en effaçant en machine les paiements déjà effectués, à chaque fois. Mais, on ne peut tromper ni un système informatique ni l’État indéfiniment», explique un responsable du ministère des Finances proche du dossier.
Un enseignant à Yaoundé raconte dans les colonnes du journal comment il a été victime du «Mboma»: «J’ai brutalement été confrontée au «Mboma» en 2015, quand je me suis engagée à me mettre à jour à la fonction publique. Cela faisait 10 ans que je travaillais et je n’avais pas fait d’avancement: je devais donc obtenir «un gros lot» à la fin de l’opération. J’ai monté mon dossier patiemment en suivant le cheminement normal jusqu’à l’aboutissement. J’ai été surprise, le moment venu, de trouver le double de ce que j’attendais à la banque.
Deux jours après, j’ai commencé à recevoir des coups de fil menaçants d’individus me réclamant leur argent et me parlant du «Mboma». Ils disaient qu’ils vont interrompre mon salaire si je ne m’exécute pas. J’ai tout simplement saisi la CONAC [Commission nationale anti-corruption] et ces bandits ont disparu dans la nature. Par la suite, j’ai saisi le ministère des Finances qui a considéré le surplus du paiement comme une avance de solde que je rembourse petit à petit».