Actualités Régionales of Monday, 14 March 2016

Source: camer.be

Mabass sous contrôle du bim

Les soldats du Bataillon d'infanterie motoriséeLes soldats du Bataillon d'infanterie motorisée

Une descente sur le terrain guidée par le lieutenant ­colonel Issa (chef 2ème bureau) à bord des véhicules blindés Pksv américains, le 9 mars, a permis de nous rendre compte que les forces armées camerounaises sécurisent fortement la localité frontalière de Mabass, théâtre d'une attaque de Boko Haram.

Armes au poing, les soldats du Bataillon d'infanterie motorisée (Bim) sont déployés sur le poste avancé de Mabass (localité se trouvant à une trentaine de km de la ville de Mokolo). Les soldats ont positionné leur mortier et les fusiliers surveillent en contrebas (à la jumelle) les moindres agissements de la secte Boko Haram. Toute tentative d'attaque de Boko Haram est contrecarrée par une riposte punitive des éléments du Bim.

D'après le capitaine Tico Kingue, qui commande les opérations dans cette zone montagneuse, «nous avons, depuis la dernière attaque des éléments de Boko Haram, placé les éléments tout le long de la frontière, les empêchant ainsi de traverser la frontière. Bien plus, lorsqu'ils viennent attaquer Madagli et les localités environnantes (pour s'y installer), côté nigérian, nous portons main forte aux populations, grâce à la collaboration qui existe entre nous et l'armée nigériane ». Et le jeune officier d'ajouter : «la nuit d'hier encore (8 mars, Ndlr), ils ont attaqué côté nigérian, et nous les avons repoussés.

Des tireurs très attentifs sont installés sur leur mitrailleuse, prêts à riposter en cas d'attaque de l'ennemi.Visiblement, aucun instant de surprise de l'adversaire n'est possible. Bien qu'ils procèdent par combat de masse (200 personnes minimum), nous les repoussons». Avant de préciser que Boko Haram attaque dans la plupart de temps la nuit pour tenter de surprendre leurs positions.

Après cette descente, nous nous sommes déportés au village El Damang, qui abrite les forces et logistiques d'appui au poste d'opérations de Mabass où l'on rencontre des tribus matakam, oula, mafa... Et c'est manifestement grâce aux interventions musclées des forces de défense camerounaises que les populations nigérianes, sous la menace terroriste, n'ont pas été jusqu'ici chassées de leurs terres. Les possibilités d'attaques étant toujours réelles, la localité de Mabass reste l'une des zones à risque dans le département de Mayo­Tsanaga.

Calme relatif, mais rassurant. Bien qu'à risques, il nous a été donné de constater que les populations de ces localités vaquent à leurs occupations. La preuve, au moment où nous arrivons dans le village El Damang, vers 12 heures, les écoliers visiblement tranquillisés sortent des classes. Bien plus, les populations s'activent ici et là. «Elles savent quel genre d'activité mener. Et nous travaillons en étroite collaboration. Elles savent comment nous alerter et nous donner des renseignements pour agir efficacement», soutient le capitaine.

Toute synergie d'actions qui été corroborée par un leader du comité de vigilance (Covi) du coin. D'après le trentenaire : «Lorsque nous sommes informés, nous venons immédiatement alerter les forces militaires qui opèrent ici.

Nous avons peur, mais leur présence nous réconforte. Nous avons perdu certains des membres de nos familles dont le directeur d'une école de la place.» Bien plus, selon ce responsable du Covi, les échanges commerciaux entre le Cameroun et le Nigeria sont devenus difficiles dans cette partie de la frontière.

Actuellement, nous nous ravitaillons davantage à partir de la ville de Mokolo (chef­lieu du département du Mayo­Tsanaga). Les vendeurs de «zoua­zoua» ou carburants en provenance du Nigeria voisin du centreville de Mokolo sont de cet avis. Mais, depuis l'activisme grandissant de la secte islamiste, nous sommes approvisionnés à partir de Garoua (région du Nord, Ndlr). Ce qui fait que le litre de carburant coûte actuellement plus cher, soit 600 Fcfa contre 500 il y a quelques temps», renchérit le jeune vendeur en plein air.

Amchidé, la ville fantôme reprend vie En attendant le retour de tous ses occupants, la ville d'Amchidé reprend vie petit à petit. En effet, grâce aux opérations musclées du Bataillon d'intervention rapide (Bir), la localité frontalière d'Amchidé, considérée comme l'un des poumons économiques de la région de l'Extrême­Nord voire au­delà, est davantage sécurisée. Il y a quelques temps que cette ville a subi des assauts répétés et violentes des hommes sans foi ni loi d'Abubakar Shekau.

Seuls les nombreux dégâts visibles dans le marché du coin traduisent l'horreur et l'effroi endurés par les populations victimes qui ont tout perdu dans les actes de pillage et des incendies perpétrés par les forces du mal. Les agences bancaires et de transfert de fonds (la Régionale d'épargne et de crédit S.A, Crédit du Sahel, Emi­money...), les boutiques, jusqu'au commissariat de police spéciale d'Amchidé sont partis en fumée. Cette localité frontalière a été désertée par les occupants dont beaucoup vivent aujourd'hui à Mora (environ une trentaine de kilomètres).

Rompus à la tâche, après leurs assauts victorieux sur les pirates dans la presqu'île de Bakassi, les éléments du Bir sous la conduite du jeune capitaine Janvier Kiki ont très vite repris les choses en main et rétabli la sécurité à Amchidé. Il en est de même du côté de Banki (ville nigériane), avec la collaboration de l'armée du pays de Muhammadu Buhari.

Combat de titan.

De la même manière, le Bir zone Sud de l'opération baptisée Alpha (mise sur pied le 1er août 2015), dans la localité de Kolofata, sous le commandement du lieutenant­colonel Félix Tetcha, combat efficacement les attaques et incursions des sanguinaires de la secte islamiste Boko Haram dans les autres localités de la frontière Cameroun­Nigeria d'une superficie de 2500 km2 environ.

Selon Félix Tetcha, «85% des affrontements contre le groupe terroriste ont eu lieu dans cette zone qui détient le plus grand nombre de bases et d'éléments de combat ». En tant qu'unité essentiellementoffensive, plusieurs opérations ont été menées sur le territoire nigérian afin de détruire les bases arrière de l'ennemi commun, qui a longtemps bénéficié de l'indifférence et de la complaisance caractérisées des prédécesseurs de Muhammadu Buhari.

Ce fut l'occasion pour M. Tetcha de rappeler que les deux officiers récemment décédés étaient de cette base. Il s'agit du capitaine Emmanuel Yari, commandant du secteur Bir de la localité de Limani, atteint lors d'une offensive à Goshi (côté nigérian), le 11 février dernier. Et quatre jours plus tard, le commandant du Bir zone Sud de l'opération Alpha, le lieutenant­colonel Beltus Kwene Ebelle, est touché dans l'explosion d'une mine le 14 février et décède le lendemain.

Une grande perte pour l'armée camerounaise dont la moyenne d'âge des officiers qui assurent le commandement des opérations est la trentaine. C'est visiblement, le fruit de l'ère de sa modernisation entamée par le président Paul Biya en 2001 et du rajeunissement prononcé du commandement.