Silence radio dans les états-majors des ministres de la communication sur la gestion des faramineuses sommes d’argent débloquées pour la construction et l’équipement de la maison de la presse, aujourd’hui en ruines ; dans un état de décrépitude et de délabrement qui frise la révolte et l’indignation.
Repaire des renégats, malfrats et fumeurs des drogues ; maison de la honte de la presse camerounaise ; crève-cœur d’un vestige abandonné ; il n’y a pas d’expression assez forte, pour traduire la peau de chagrin, les derniers décombres de ce qui, tient lieu de maison de la communication. Un véritable tonneau de Danaïdes, qui a englouti des centaines de millions, sous l’ère du bail de Biyiti be Essam, jadis ministre de la Communication.
Et pourtant, du point de vue de la localisation, le site ne manque pas de chaleur et d’apostrophe. Le bâtiment abandonné est en ruines et dans la décadence, est situé à l’entrée de l’imprimerie nationale, derrière le ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation, à un jeu de pierre l’ancien palais présidentiel de feu le président Ahmadou Ahidjo ; aux encablures d’une dizaine d’autres ministères.
En ce jour du mercredi, 03 mai 2017, la commémoration de la journée internationale de la liberté de la presse est un grand moment fort. Sous la conduite de Yannick Ebosse, le président de la branche régionale du syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc) pour le Centre, une dizaine de journalistes font une descente sur le site du vestige abandonné. Sans panache, sans enthousiasme, la maison de la communication, la maison de la presse (chacun y va de son appellation) n’a pas une fière allure. Sur le site, l’amertume, la mélancolie et la désolation sont grandes et choquantes.
Le bâtiment abandonné, vieilli par les intempéries est obstrué de part et d’autre, par des buissons et une énorme broussaille ; une enclave sans doute, des reptiles et des serpents venimeux. L’état de délabrement et de décrépitude est affligeant. L’écœurement profond. Au délabrement, s’ajoutent la saleté des murs et la promiscuité indigeste des enfants de la rue, les femmes de pays voisins (sans abri) et les excréments qui parfument les salles qui tiennent lieu de bureaux.
Au contact des puanteurs que dégagent les salles infectes et désagrégées, l’on peut s’interroger sur cet éléphant blanc, symbole d’un immense gâchis financier. Le tableau noir et obscur de l’édifice ; le dénuement en matériels, témoignent de l’indifférence, du mépris et de la méprise des pouvoirs publics.
On se rend à l’évidence de la duplicité de caractères des gouvernants, du déshonneur, de la fanfaronnade, le rap embrouillé et le contraste perceptibles dans les propos du ministre de la communication.
300 millions FCFA en fumée
Par trop d’hyperbole, de l’enfumage et une overdose des paroles de propagande, Issa Tchiroma Bakary, « l’artiste clameur » des louanges de Paul Biya, serine sans arrêt que la presse au Cameroun, est libre. Peut-on être si affligé, mal logé et être libre. Au commencement était la maison de la communication, une idée mise en route par un vieux de la vieille, le vétéran journaliste, Gilbert Tsala Ekani.
Le vieux briscard avait une grande résonnance de la maison de la communication ; il la voulait, telle une vitrine, le point de chute de tous les hommes de médias, en transit au Cameroun ; mieux une salle de rédaction de « tout le monde ». Gilbert Tsala Ekani.
Avait réussi une évaluation des besoins en équipements, en infrastructures et en matériels de pointe au point où, le devis estimatif a reçu l’aval de la commission d’attribution de l’aide publique à la communication privée. L’argent débloqué par la tutelle, ne parviendra jamais à bon port. Selon nos sources, il y a moins de dix ans, au prétexte de la dernière visite du pape au Cameroun, dans la foulée, une somme de 200 millions est débloquée.
Officiellement, pour les habits neufs du vestige. Selon des sources, chemin faisant, une somme de 100 millions est à nouveau décaissée ; aucune réalisation. A peine une robe de propreté, des coups de pinceaux, puis plus d’argent. La fin desdits travaux, se situe en 2009. Depuis un peu plus de 07 ans, sous l’ère du ministre Issa Tchiroma Bakary, la santé du vestige est catastrophique. Selon des sources, l’agonie tient lieu de l’indifférence, du refus de l’actuel ministre d’accorder la moindre attention.
Les bouderies et le désintérêt d’Issa Tchiroma Bakary, qui n’a jamais réceptionné les travaux, se justifie, à en croire ses affidés de ceux qu’il a trouvé consommée et essorée, la ligne affectée à cette « affaire » ; qu’il veut en garder des distances. Dans le camp de l’ex-ministre Biyiti be Essam, silence radio et mutisme total. Personne ne veut en parler. L’on se souvient pourtant, qu’avant d’être limogé et répudié du gouvernement, le ministre Biyiti be Essam a fait une escale au ministère des postes et télécommunications. Il n’a pas cru devoir poursuivre la réfection de l’édifice.
Fort du principe administratif de la continuité du service public, doit-on croire que le prédécesseur de Tchiroma a croqué toutes les sommes décaissées, sans jamais faire la reddition des comptes, ni la passation des fiches des travaux ? Comment comprendre la désinvolture de l’actuel ministre ? Les complaintes d’Issa Tchiroma Bakary qui aurait dû reprendre en main la poursuite du chantier, échouent-elles face à l’absence des moyens financiers ; ou bien, à son niveau, les fonds débloqués sont virés vers d’autres urgences ?
Expéditif, flamboyant, très alerte lorsqu’il faut s’occuper mêmes des affaires frivoles et sans importance, avec un peu de bonne volonté, le ministre de la communication pouvait s’échiner, s’efforcer, s’investir, plaider efficacement même « à mains nues », pour faire avancer les travaux. Hélas. Issa Tchiroma Bakary semble n’y trouver : ni prébende, ni profit. Il court vers d’autres destinations. Assez juteuses. Alors que les auteurs de la forfaiture, jusqu’ici impunis, eux aussi, courent toujours. Curieusement.