Actualités of Monday, 25 July 2022

Source: www.camerounweb.com

Maltraitance : Le destin brisé des veuves

Image illustrative Image illustrative

Le mariage, union légale entre l’homme et la femme, contribue de manière substantielle à l’épanouissement des deux partenaires qui ont opté pour la vie en couple.

Toutefois, ce bonheur partagé et vécu avec une certaine intensité connait, selon le cas, un effondrement amer lorsque l’un des partenaires passait de vie à trépas, laissant du coup l’autre dans un désarroi total. Elles sont environ 250 millions dans le monde et une sur dix vit dans une pauvreté extrême. Discriminées, déshéritées, accusées de sorcellerie, expulsées du domicile conjugal, violées ou mariées de force à un autre membre de la famille, leur situation est souvent plus que désastreuse. En principe, «lorsqu’elle perd son mari, la femme ne devrait pas perdre ses droits » , soutenait déjà l’ex secrétaire général de l’Organisation des nations unies (Onu), Ban Ki-Moon. Lequel reconnait que «Les filles mariées à des hommes beaucoup plus âgés sont particulièrement vulnérables». Au Cameroun, les festivités de la 12e édition de la journée internationale des veuves, placée sous le thème «Protéger le droit des veuves, changer de mentalité», ont été présidées par le ministre de la promotion de la femme et de la famille, Marie Thérèse Abena Ondoa, à l’esplanade de la commune d’arrondissement de Yaoundé 4e sise à Ekounou. Une célébration qui intervient dans un contexte difficile pour les veuves au Cameroun. Bien que protégées par les lois successorales, les veuves et leurs enfants se retrouvent souvent à la merci de leurs communautés et sont traitées sans égards à leurs droits fondamentaux.

La vie difficile des veuves au Cameroun


L e ministre de la Promotion et de la Famille (Minproff) reconnaît que la maltraitance des veuves et de leurs enfants constitue l’une des plus graves violations des droits de l’homme et l’un des principaux obstacles au développement aujourd’hui. En 2021, par exemple, Marie Thèrese Abena Ondoa avait énumeré quelques points majeurs qui constituent des actes de vilence à l’endroite des veuves : expulsion du domicile conjugal ; destruction ou rétention des documents administratifs de son époux ; refus par la belle-famille de délivrer à la veuve le procès-verbal du conseil de famille ; rétention ou vente des biens acquis par le couple ; stigmatisation car accusées d’avoir tué leur époux ; rite de veuvage cruels, dégradants et inhumains. Pourtant, le permier texte qui protège les veuves est le préambule de la Constitution, qui prône le respect de tout être humain, et reconnaît la famille comme base naturelle de la société. On peut également citer l’article 21 de la Charte africaine des Droits de l’Homme et des peuples (lien) relative aux droits de la femme (protocole de Maputo) qui dit : « la veuve a le droit, quelque soit le régime matrimonial, de continuer d’habiter dans le domicile conjugal. En cas de remariage, elle conserve ce droit si le domicile lui appartient en propre où lui a été dévolu en héritage ». Le Cameroun a ainsi ratifié la quasi-totalité des instruments juridiques de protection des droits de la femmes et de la veuve : la déclaration universelle des droits de l’Homme ; la convention sur l’élimination de toutes formes de discriminations à l’égard de la femme (Cedf) ; la convention contre la torture et autres peines, traitements inhumains, cruels et dégradants ; le pacte internationale relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.
En dépit d’une protection sociale équitable, elles sont condamnées à la misère. Le ministère de la Promotion de la femme et de la Famille reconnaît l’existence des difficultés persistent dans l’application de ces droits, du fait de quelques pesanteurs socioculturelles inhérentes à leur statut et de l’absence d’un cadre juridique y afférent. Pas pourtant que les veuves vont croiser les bras. Au contraire, regroupées en associations et réseaux d’associations, les veuves elles-mêmes multiplient des actions de plaidoyers en direction des leaders communautaires et des pouvoirs publics, en vue de l’amélioration de leurs conditions de vie. Dans ce cadre, l’Onu- femme a proposé aux gouvernements du monde de mettre sur pied, des programmes et politiques d’élimination de la violence à l’égard des veuves, et d’offrir un soutien supplémentaire pour assurer l’éducation de leur progéniture.
De même, les veuves de plusieurs localités au Cameroun à travers leur plaidoyer, se lamentent de moins en moins, et garantissent de renverser la courbe en s’impliquant elles même dans cette bataille. Pour y parvenir, elles revendiquent plus de considération de la part des pouvoirs concernés. Cet hymne d’union est une exhortation auprès des pouvoirs publics, pour qu’ils envisagent la mise sur pied des mécanismes pouvant les aider à reconstruire et à améliorer leurs conditions de vie ainsi que celles de leurs familles.