Au Cameroun, le mandat des députés et des conseillers municipaux a été prolongé de douze mois par le bureau de l'Assemblée nationale. Cette décision a été prise en mars dernier lors d'une réunion des stratèges de Paul Biya, le président camerounais. La prorogation du mandat des élus locaux ouvre la voie à une organisation des élections législatives et locales en 2025 ou en 2026, mais après la présidentielle.
Cette décision soulève des préoccupations quant à la possible disqualification de certains candidats de l'opposition, notamment Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et principal opposant à Paul Biya. Kamto ne dispose pas des élus nécessaires pour satisfaire aux exigences actuelles pour une candidature présidentielle, ayant boycotté les dernières élections législatives et municipales.
Si la présidentielle devait avoir lieu avant les prochains scrutins locaux, Kamto serait obligé d'en passer par le système des 300 parrainages, dans un pays globalement verrouillé par le RDPC, le parti au pouvoir. Sa candidature serait donc fortement remise en cause, tout comme celle de Cabral Libii, autre ancien participant à la présidentielle.
Bien que disposant d'élus au sein de l'Assemblée nationale, Cabral Libii pourrait aussi se voir écarté. Robert Kona, l'un des cadres fondateurs de son actuel parti, lui conteste en effet la présidence de la formation. Si Cabral Libii venait à perdre le contrôle de son parti, et donc ses élus, il se retrouverait donc dans la même position que Maurice Kamto et forcé, en cas d'inversion du calendrier électoral, de passer par le quasi impossible chemin des parrainages.
Cette semaine a donc été assez mouvementée pour Paul Biya, avec cette décision de proroger le mandat des députés et des conseillers municipaux, qui pourrait avoir des conséquences importantes sur la prochaine élection présidentielle au Cameroun mais aussi le scandale concernant sa fille Brenda.
En effet, la fille du président camerounais, Brenda Biya, a fait son coming-out sur les réseaux sociaux en publiant une photo d'elle embrassant une femme. Cette annonce a suscité de nombreuses réactions, tant positives que négatives, dans un pays où l'homosexualité est encore réprimée.
Brenda Biya s'est exprimée pour la première fois sur son coming-out dans une interview au Parisien, expliquant qu'elle avait reçu des réactions négatives et homophobes, mais aussi beaucoup de soutien de la part d'organisations camerounaises et occidentales. Elle a également déclaré qu'elle souhaitait avoir une conversation directe et ouverte avec ses parents à ce sujet.
Cette annonce de Brenda Biya a mis une pression supplémentaire sur son père, Paul Biya, qui est critiqué depuis plusieurs années pour son bilan en matière de droits de l'homme et de lutte contre les discriminations. Le coming-out de sa fille a ravivé les appels à une évolution des mentalités et de la législation au Cameroun en matière d'homosexualité.
En somme, la semaine de Paul Biya a été marquée par deux sujets importants : la prorogation du mandat des députés et des conseillers municipaux, qui a soulevé des inquiétudes quant à la tenue des élections et à la participation de l'opposition, et le coming-out de sa fille Brenda, qui a relancé le débat sur les droits des personnes LGBT+ au Cameroun.