L’ancien secrétaire général de la Présidence de la République et ancien ministre de l’administration territoriale du Cameroun, Marafa Hamidou Yaya, espère pouvoir être bientôt libéré.
C’est ce qui ressort de l’avis du groupe de travail des Nations Unies, qui a réuni des preuves sur la non-transmission en temps réglementaire à la défense, des dossiers d’accusation et des déclarations des témoins, pendant le procès.
La défense de Marafa Hamidou Yaya, qui avait saisi le groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire, a dénoncé les entorses à la procédure. Elle affirme qu’elle n’a eu le dossier à charge que cinq jours avant le procès et sans les déclarations des témoins. Maître Alice Nkom, membre de l'équipe de défense, affirme également avoir été souvent empêchée, de même que des membres de la famille de Marafa Hamidou Yaya, de voir son client. Mais elle affirme avoir pu le rencontrer jeudi 30 juin à son lieu de détention à Yaoundé :
"C’est une prison militaire. N’oubliez pas que le SED (où est détenu Marafa Hamidou Yaya, NDLR), ça veut dire le secrétariat d’Etat à la défense. Et que le ministère de la défense est un ministère délégué à la présidence. En fait Monsieur Marafa est incarcéré dans une garnison et dans une prison de la présidence de la République."
Possibilité d'un nouveau procès
Pendant leur rencontre, le détenu Marafa a échangé avec Maître Alice Nkom, sur l’avis adopté par le groupe de travail des Nations Unies lors de sa 75ème session en avril 2016. Dans ses recommandations, en effet, le groupe de travail conclut que la détention de l’ancien ministre d’Etat, secrétaire général à la présidence de la République, est arbitraire, et que le gouvernement camerounais a l’obligation d’y mettre fin et d’accorder à la victime une réparation appropriée. Le groupe de travail de l’Onu demande la libération immédiate de Marafa Hamidou Yaya, avec la possibilité d’un nouveau procès où tous ses droits devront être entièrement respectés, pourvu que le ministère public ait des raisons valables de le poursuivre.
Maître Alice Nkom rapporte le sentiment de son client : "Il m’a dit sa satisfaction. Parce que c’est quelqu’un qui a toujours clamé son innocence, clamé la violation de toutes les lois qui ont conduit à son arrestation, qui ont d’ailleurs permis de dire que c’est un prisonnier politique, parce que rien de ce qui lui était reproché était légalement prouvable."
Embarras pour le pouvoir actuel
De sa prison, Marafa Hamidou Yaya a publié en 2014 un livre de 409 pages dans lequel il propose aux Camerounais un contrat de société de confiance. Son avocate Alice Nkom pense que c’est peut-être pour cela que c’est embarrassant pour le pouvoir de le mettre en liberté, même en exécution de la recommandation du groupe de travail de l’Onu alors qu’il y a des élections qui se préparent au Cameroun :
"C’est un facteur qu’il faut prendre en considération dans la perspective de l’exécution de cette décision. Le fait pour lui d’être libre est un facteur menaçant pour la candidature du président Biya, soit pour 2018, soit pour 2016 en octobre comme on nous le dit. Je crois que c’est ça le caillou qu’ils ont dans la chaussure."
L’avocate rapporte que Marafa Hamidou Yaya est détenu dans une salle réduite à sa taille, où il passe le temps à lire et à prier. Elle ajoute que la santé du détenu se dégrade de jour en jour, qu’il a déjà perdu l’usage d’un œil, et, souhaite bénéficier d’une opération ophtalmologique.