Infos Business of Saturday, 9 April 2016

Source: 237online.com

Martin L. Njanga Njoh démis de ses fonctions

Immeuble siège de la Commercial Bank of Cameroon Immeuble siège de la Commercial Bank of Cameroon

Martin Luther Njanga Njoh a été démis par la Cobac hier à Douala. Il lui est reproché son incapacité à clôturer la restructuration de la banque et quelques indélicatesses financières.

Il est remplacé par Mme Anne Rose Bongo. La réalité a rejoint la rumeur. Les milieux bancaires bruissaient depuis quelques jours d’un changement important à la tête de la Commercial bank of Cameroon.

Depuis hier, la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) a mis un terme définitif au bail de Martin Luther Njanga Njoh, comme administrateur provisoire de cette banque, en lui retirant son accréditation.

Sa remplaçante porte le nom de Anne Rose Bongo. C’est cette même Cobac qui y avait installé Njanga Njoh en novembre 2009 lors de la mise sous administration provisoire de la CBC, alors en pleine tourmente.

Dernier directeur général de la banque créée le 19 novembre 1997 par la CFH Luxembourg, une holding appartenant à Yves Michel Fotso, PCA de la CBC, Martin Luther Njanga Njoh avait été nommé pour un mandat de six mois. Sa mission était de restructurer la banque, alors déclarée en déficit de fonds propres à hauteur de 60 milliards de FCFA.

Ce que Yves Michel Fotso a toujours nié, considérant cette mise sous administration provisoire comme une volonté de leur retirer, à lui-même et aux actionnaires, le contrôle de la banque. Au lieu de six mois, ce sont sept ans que Njanga Njoh a passé à la tête de la CBC avec les pleins pouvoirs, son mandat ayant été renouvelé à chaque fois.

La Cobac n’a pas voulu supporter plus longtemps cet administrateur provisoire, devenu lui-même une source de problème. En effet, le gendarme des banques en Afrique centrale nourrit plusieurs reproches à l’encontre de Martin Luther Njanga Njoh.

La mission de Njanga Njoh a été analysée par la Cobac comme un échec, au regard de son incapacité à conduire la restructuration de la banque à son terme, c’est à-dire jusqu’à la désignation des organes sociaux que sont le conseil d’administration et la direction générale.

Et ce n’est pas faute pour le gendarme des banques d’avoir attiré l’attention de l’administrateur provisoire et des autorités monétaires camerounaises. La Cobac avait fixé au 31 décembre 2014 la fin de la restructuration de la CBC, délai non respecté par l’administrateur provisoire.

Certes l’Etat, devenu actionnaire de la banque à la suite des 5 milliards injectés par le Minfi, Essimi Menye en 2009, n’avait pas encore désigné ses administrateurs.

Le 30 juin 2015, Lucas Abaga Nchama écrivait à Alamine Ousmane Mey : « Je vous prie de bien vouloir user de votre autorité pour faire avancer ce dossier.» Le président de la Cobac avait bien perçu que l’administrateur provisoire de la CBC avait tout intérêt à ne pas boucler la restructuration pour rester maître à bord de la banque.

« Sa mission n’était pas de gérer la CBC, mais de la restructurer pour qu’elle reprenne le cours normal de sa vie », commente un haut responsable du ministère des Finances. En novembre 2015, l’Etat a désigné ses représentants pour le conseil d’administration. Njanga Njoh n’a transmis la liste à la Cobac qu’en janvier 2016.

D’un autre côté, une mission d’évaluation de la Cobac ayant séjourné à la CBC du 23 septembre au 18 octobre 2013 avait évalué à 108 millions de FCFA au 31 octobre 2013, le montant du trop-perçu par Njanga Njoh. Il s’était octroyé des avantages indus.

Et dès le 21 mars 2014, la Cobac s’était résolue à demander à l’administrateur provisoire de « procéder, sans délai, au remboursement à cette banque de toutes les sommes qui lui ont été versées au titre de sa rémunération, en dehors de celles expressément visées dans la décision Cobac fixant celle-ci ».

Devant son refus de rembourser, une injonction du gendarme des banques lui avait été servie, signée du président de la Cobac, Lucas Abaga Nchama, gouverneur de la Beac. Il est aussi mis au passif de Njanga Njoh quelques accusations liées à un règlement d’honoraires d’avocats jugés excessifs.

Dans ce tableau gris, apparaît le bouclage d’une opération de prêt syndiqué de 36,5 milliards accordé à un consortium de banques locales leadées par la CBC.