• Le massacre a fait 5 morts dont 4 élèves
• Le MRC exprime son indignation
• Le Premier ministre est appelé à agir pour mettre fin au conflit
Encore une journée noire pour l’éducation au Cameroun. Quatre élèves et une enseignante ont été tués, mercredi 24 novembre, dans l'attaque d'un lycée de la région du Sud-Ouest, l'une des deux régions anglophones du pays en proie à un conflit meurtrier entre l'armée et des séparatistes. L'attaque n'a pas été revendiquée mais les séparatistes armés attaquent régulièrement dans cette zone des écoles auxquelles ils reprochent d'enseigner en français ou de collaborer avec le gouvernement camerounais.
L’émotion est encore grande à Ekondo-Titi, une ville côtière du département du Ndian. Les réactions d’indignation et de condamnation se multiplient. Le MRC de Maurice Kamto comme à son habitude vient de sortir un communiqué. Après avoir condamné cette barbarie, le parti d’opposition invite le gouvernement à réagir très rapidement pour mettre un terme à ce conflit.
DECLARATION DU MRC SUITE A L’ATTAQUE ET AUX MASSACRES D’ELEVES ET D’UNE ENSEIGNANTE SURVENUS AU LYCEE BILINGUE DE EKONDO TITI
Nous avons appris avec une vive douleur que dans la journée du 24 novembre 2021, le Lycée bilingue d’EKONDO TITI a été l’objet d’une attaque barbare au moment où le personnel et les élèves étaient en pleine activité scolaire.
Le bilan provisoire de cet acte d’une grande cruauté est de quatre personnes tuées, en l’occurrence les élèves Emmanuel ORUME, IKEN Jocelyne, KUM Emmanuel âgés respectivement de 12,16 et 17 ans, ainsi que la nommée Celestina SONG, enseignante de français.
D’après les témoignages recueillis sur les lieux, cet attentat est l’œuvre de personnes armées non identifiées ayant fait usage d’armes à feu et d’explosif pour attenter aux vies innocentes, comme ce fut le cas le 24 octobre 2020, lorsqu’un groupe armé avait attaqué le complexe scolaire MOTHER FRANCISCA INTERNATIONAL BILINGUAL ACADEMY MOFRIBA à KUMBA et tué 6 élèves et fait plusieurs blessés, ou le 10 novembre 2021, lorsqu’une dizaine d’étudiants de l’Université de Buea ont été blessés suite à une attaque à l’explosif. Cette attaque fait suite à l’assassinat récent, par balles, d’une écolière de 5 ans à Buea, le 14 octobre 2021 et d’une autre de 7 ans à Bamenda, le 12 novembre.
Par ailleurs l’on ne compte plus le nombre d’enseignants tués ou kidnappés dans les régions du Sud-Ouest ou du Nord-Ouest depuis le déclenchement de la guerre entre les forces de défense du Cameroun et les groupes sécessionnistes armés anglophones.
J’écris, au nom du MRC, cette déclaration le cœur plein d’amertume. Je me suis demandé si cela en valait la peine, et, surtout, combien d’autres aurais-je à écrire encore. Devons-nous nous habituer à ces tragédies répétées et à la banalité du Mal ? Me voici condamné à reprendre les mêmes formules étalant leur impuissance.
En mon nom propre et à celui du MRC et du Peuple du Changement, je prie les familles des victimes et la grande famille de l’Éducation Nationale, de recevoir nos condoléances les plus attristées.
Ce bain de sang qui continue peut être arrêté immédiatement si le pouvoir en place qui en est le principal responsable décidait de poser les actes de grandeur que lui commandent le sens de l’Etat et les considérations élémentaires d’humanité.
Le MRC :
- Dénonce et condamne fermement toute forme de violence contre des civils et à plus fortes raisons contre des enfants et des enseignants, au demeurant pris en otage dans le conflit armé qui sape lentement mais dangereusement les bases de la Nation camerounaise.
- Rappelle qu’en temps de guerre, les attaques volontaires contre les civils sont constitutives de crime de guerre.
- Rappelle que la guerre n’a jamais été la solution à une crise politique et que tant que durera cette guerre, les civils et autres personnes vulnérables et innocentes continueront de payer le lourd tribut dans les Régions anglophones du Cameroun.
- Invite une fois encore les dirigeants du Cameroun et les groupes sécessionnistes anglophones armés à observer un cessez-le-feu, suivi de la libération des détenus arrêtés dans le cadre de ce conflit fratricide et l’ouverture d’un dialogue inclusif avec les représentants des parties prenantes.
Je lance un appel solennel au Premier Ministre, Chief Joseph DION NGUTE, qui a donné des signes de son désir de trouver une solution sérieuse à ce conflit, aux membres du gouvernement anglophones, aux députés, sénateurs, au président de la Commission sur le bilinguisme et le multiculturalisme et ses membres anglophones, au Coordonnateur de mission DDR, aux conseillers régionaux originaires des deux régions anglophones, de quelque bord politique qu’ils soient, à créer un électrochoc en démissionnant collectivement de leurs fonctions pour sauver des vies et amener à un véritable dialogue inclusif et sincère. De la sorte, ils s’institueront comme de vrais leaders pour les populations dont ils sont les élites et dont ils prétendent être les représentants. Les populations martyrisées, la Nation camerounaises et l’histoire leur en seront reconnaissants.
Fait à Yaoundé le 25 Novembre 2021