Le recteur de l'université de Yaoundé1 a eu le privilège, ce 7 septembre, à Tours, de prononcer l'oraison en la mémoire du Pr André Gouaze, scientifique français de haut vol et amoureux de l'Afrique, disparu en mars 2020.
Le Cameroun était dignement reprèsenté, hier, 7 août à Tours, cité universitaire située à l'ouest de la France, à l'hommage en mémoire du Pr André Gouaze, président fondateur de la de la Conférence internationale des doyens de facultés de médecine d'expression française, doyen honoraire et emblématique de la prestigieuse faculté de médecine de Tours, décédé le 25 mars 2020 à l'âge de 93 ans. Aux premières loges de cet évenement fort couru, se trouvait le recteur de l'université de Yaoundé1, le Pr Maurice Aurélien Sosso.
Devant ce précieux aeropage trié sur le volet, il est revenu au Camerounais de prononcer l'éloge de circonstance pour cette sommité de la science médicale, avec qui il entretenait une «relation professionnelle privilégiée». Il a ainsi évoqué l'onde de choc provoquee par la chute de ce baobab, de cet erudit creatif et de ce pilier de la science médicale ayant retenti aussi bien à Tours, en Moldavie, en Roumanie, au Vietnam, au Cambodge, partout dans le monde et particulièrement en Afrique, notamment au Cameroun, au Bénin, au Burkina Faso, au Burundi, au Congo, au Mali, au Tchad, au Togo, au Gabon, au Niger, au Rwanda, au Maroc, en Centrafrique, en Côte d'Ivoire, en Guinée, en Guinée Équatoriale, en République Démocratique du Congo, en Mauritanie, en Tunisie, en Egypte, à Madagascar que partout ailleurs. Devant un auditoire autant attentif qu'ému, le Pr Sosso a survolé la trajectoire d'un homme exceptionnel à la fois élégant, distingué, méticuleux, fin, soigné, rigoureux et particulièrement travailleur, avec un sens élevé de ses responsabilités professionnelles et sociales. Le Camerounais a rappelé la carrière hospitalo-universitaire du disparu, pendant laquelle de nombreux étudiants d'origine africaine ont bénéficié des enseignements de cet «enseignant exceptionnel» et qui sont aujourd'hui des enseignants dans de grandes facultés de médecine dans plusieurs pays d'Afrique francophone. Le recteur de l'université de Yaoundé1 a mentionné sa féconde et imposante vision et production littéraire, avec notamment « Vivre avec les leçons du passé : un plan d'action au service d'une grande cause. La santé de l'homme et de la société» (Joué-Les-Tours,2012), Demain la médecine, 1996.
Une certaine idée du pouvoir médical: pouvoir et responsabilité», paru en 1991.
«Fervent négociateur, le Pr André Gouaze a toujours prôné la diplomatie universitaire, le dialogue des langues, le dialogue des cultures, le dialogue des Nations» , soulignera Maurice Aurélien Sosso. Pour lui, le disparu était un véritable chantre de la paix qu'il n'a pas seulement chantée, connaissant bien la force de la différence, il l'a aussi servie avec conviction, pertinence et passion. Homme d'ouverture au monde et amoureux de la diversité culturelle, ces qualités le menèrent tout naturellement à consacrer une part importante de son temps et de son énergie à la coopération internationale.
Humaniste attentionné. Le neuro-chirurgien, neuro-anatomiste et chercheur de grande qualité devint, entre 1985 et 2002, membre du Haut conseil de la Francophonie, fonda en 1981 la Conférence internationale des doyens et des facultés de médecine d'expression française (Cidmef), dont il devint le directeur général en 1998. «C'est donc avec déférence, soulignera l'intervenant, que nous nous inclinons devant la mémoire d'un grand Africaniste, sensible à une vision panafricaine, qui aura activement contribué à l'organisation du premier concours d'agrégation en médecine humaine, pour le compte du Conseil africain et malgache pour l'enseignement supérieur (Cames) à Dakar, en novembre 1982». En reconnaissance de son œuvre, le Cames a institué le Prix André Gouaze pour récompenser le meilleur des candidats des différentes sections dudit concours d'agrégation, dans les domaines de la médecine humaine et des productions animales. Humaniste attentionné et soucieux du bien-être d'autrui, ce scientifique de haut vol aura également été l'une des rares personnalités ayant eu le mérite de recevoir les décorations et les titres honorifiques et académique de presque la totalité des pays francophones. «Monsieur le Professeur, vous n'êtes pas mort. Vous êtes juste cette bonne graine tombée sur une terre féconde. Vous vivez à travers toutes vos œuvres. De là ou vous êtes désormais, vous brillez de mille feux dans la félicité éternelle» , laissera tomber l'orateur dans un tonnerre d'applaudissements.