Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), a tenu un meeting dans la capitale Yaoundé, un événement autorisé par les autorités pour la première fois depuis la présidentielle de 2018. Kamto, qui est un critique virulent du président Paul Biya, a été ovationné par ses partisans, mais a également exprimé ses préoccupations concernant la situation dans le pays. Il a critiqué la détérioration de la situation dans les régions anglophones, la mauvaise gestion des ressources publiques, la hausse des coûts de la vie et l'emprisonnement de 62 militants de son parti. Kamto a également exprimé son ambition de participer aux prochaines élections, même si son parti ne dispose pas d'élus, selon le code électoral camerounais. Jeune Afrique est revenu dans un article sur les coulisses et a livré des détails de ce meeting.
« Maurice Kamto est là ! » L’annonce du speaker fait aussitôt naître une clameur enthousiaste. Dans l’assemblée, des « Kamto président ! » fusent, tandis que l’opposant gagne la scène. Challenger de Paul Biya à la dernière présidentielle, Maurice Kamto, les bras levés vers le ciel, salue son public. Sur son T-shirt noir, cette inscription : « Libérez les prisonniers politiques. »
Face à la foule, cet homme qui fut autrefois ministre de Paul Biya savoure le moment. C’est la première fois, depuis 2018, que l’administration camerounaise délivre au MRC le récépissé l’autorisant à organiser pareil rassemblement, et donc la première fois que le parti se réunit ainsi hors période électorale. Pour Maurice Kamto, cela ne fait pas de doute : il s’agit d’un « jour mémorable ».« Je voudrais relever, pour m’en féliciter, l’attitude républicaine du sous-préfet de Yaoundé 6, qui a délivré le récépissé de déclaration de manifestation publique sans les tracasseries auxquelles nous étions habitué, a lancé l’opposant. Nous voudrions voir, dans cette attitude de l’autorité, le signe positif de la normalisation du traitement du MRC. » « Notre parti ne demande qu’à être traité comme les autres partis de ce pays, sans discrimination, sans diabolisation », a-t-il ajouté. Le MRC prend-il un nouveau départ ? Il n’est en tout cas « en conflit ni avec l’administration ni avec les forces de défense et de sécurité », insiste son président », a relaté Jeune Afrique.
Jeune Afrique n’a manqué de rappeler que Maurice Kamto est toujours critique à l’égard du pouvoir
« Des mots d’apaisement qui n’ont pas empêché Maurice Kamto de critiquer le pouvoir en place, affirmant notamment que le Cameroun se trouvait dans une situation « catastrophique ». À la tribune, le leader du MRC a tour à tour dénoncé l’assassinat du journaliste Martinez Zogo, la situation dans les régions anglophones, le coût de la vie, la mauvaise gestion des ressources publiques, ainsi que la montée des discours de haine dans l’espace public. « [Ce sont] des revendications légitimes dont le pouvoir reconnaît lui-même le bien-fondé à travers ses actes », a-t-il poursuivi, avant de dénoncer l’incarcération de 62 militants de son parti, arrêtés dans le cadre de manifestations organisées pour la plupart en 2020.Pour Maurice Kamto, la priorité, ce sont les prochaines échéances électorales. « Tout peut arriver à tout moment. C’est pourquoi nous devons être prêts dès à présent, quels que soient les adversaires que notre parti aura à affronter. Les échéances qui s’annoncent, et qui pourraient intervenir cette année même, en 2024 ou aux dates officielles de 2025, marqueront un tournant décisif pour notre pays. Nous ne pouvons pas nous permettre de les rater. », a rappelé Jeune Afrique.