Actualités of Friday, 27 January 2017

Source: Le Quotidien de l'Economie

Mbangassina: le sous-préfet accusé de terroriser les populations

Des agissements qui surprennent de la part d’un représentant de l’Etat. Des agissements qui surprennent de la part d’un représentant de l’Etat.

Selon de nombreux témoignages recueillis dans la localité, le chef de terre fait la pluie et le beau temps.

De graves accusations pèsent sur Achile Emile Mpande, le sous-préfet de Mbangassina. Depuis le mois de juin 2016, une requête a été introduite auprès du gouverneur de la Région du Centre contre ce chef de terre pour des faits de « détournement des objets illégalement saisis, abus d’autorité, exactions diverses ». « Le sous-préfet de Mbangassina règne en maître absolu dans cette partie du pays où il fait ses propres lois et règlements, même le président de la République ne voit pas son carreau, car M. Mpande décrète, à son gré, les villes mortes et les fériés, coupe les routes et crée des troubles à l’ordre public », confie un habitant local, qui préfère parler sous anonymat par peur, dit-il, des représailles.

Toutes nos  sources dans ce sujet ont requis la discrétion à chaque fois. Joint au téléphone, le préfet du Mbam et Kim qui a été saisi pour ces faits reprochés à son collaborateur, n’a ni confirmé ni démenti les accusations, se contentant de nous renvoyer vers le concerné. Ce qui est vrai signe d’embarras dans l’administration. « Je ne règle pas ce genre de question par téléphone, en plus il faut contacter le concerné pour qu’il livre lui-même sa version des faits » s’est contenté de dire le préfet.

Pourtant  avoir le contact du « super chef de terre » de Mbangassina s’avère bien difficile. « Il appelle toujours avec un numéro masqué et c’est quelqu’un de trop belliqueux avec qui il vaut mieux ne pas avoir affaire », confie un ancien collaborateur. C’est dire combien Achille Emile Mpande règne en véritable maître absolu à Mbangassina. Il est d’ailleurs accusé d’être à la tête d’un groupe constitué pour l’essentiel des membres des comités de vigilance recrutés dans diverses localités de cet arrondissement de département du Mbam et Kim.

Cette bande qui officierait en lieu et place des forces de maintien de l’ordre de la place, brille par des « pratiques peu orthodoxes », s’indigne notre source dénonçant des exactions et forfaits mis à son actif. L’un des principaux faits ayant soulevé l’indignation et même le courroux des populations est l’expédition punitive menée le 17 décembre 2015 chez un certain Bougoume. Notre source indique d’ailleurs que ce jeune opérateur économique a dû se retirer du comité de vigilance de la localité de Tsamoungo II, dont il était membre au départ, pour ne pas contribuer aux pratiques déviantes, devenues le lot quotidien des populations. Ces dernières subissent impuissamment les affres de ces justiciers d’un autre genre, menés par un certain Owono Zoba qui fait office de chef de bande.

« L’intouchable sous-préfet, en tournée dans la localité de Tsamoungou II, a dévalisé le débit de boisson de mon frère Bougoume Ayangma. Aidé dans son forfait par le commandant de brigade, il a emporté 23 bouteilles de whisky tout label confondu, 5 palettes de vin rouge, 6 bouteilles de vin bouché, 1 paire de baffles, 1 téléphone portable. Plus grave encore, les membres du comité de vigilance qu’il avait introduits dans le local ont emporté la somme de 7 millions de FCFA, apprêtée pour satisfaire une commande d’environ 150 casiers de bières et de jus », rapporte un témoin.

Depuis lors, toutes les tentatives menées par Bougoume pour rentrer en possession de son matériel, évalué à environ 630 000 FCFA, sont restées infructueuses et l’affaire portée devant les tribunaux de Ntui suit son cours. Le propriétaire du débit de boisson indique qu’il avait déjà introduit un recours auprès du préfet du département du Mbam et Kim le 19 février dernier, pour obtenir la levée des scellés que le sous-préfet avait fait apposer nuitamment par le commandant de Brigade de Mbangassina, « son acolyte » qui vient de faire l’objet d’une affectation disciplinaire, selon nos sources.

« Après avoir eu vent du constat que j’ai fait établir par un huissier, en l’occurrence maître Kouta, et des autres procédures engagées, le sous-préfet a envoyé le commandant de brigade lundi, 22 février 2016 aux environs de 21h10mn, apposer des scellés signés depuis le 11 janvier, séquestrant ainsi mon épouse et ma fillette de 2 ans », confie la victime. Cette séquestration aura duré 3 jours, puisque c’est le 25 février à 19 heures que les scellés ont finalement été brisés sur ordre du procureur général pour libérer les personnes séquestrées, nous renseigne-t-on.

Nos sources rapportent également que la bande à Owona Zoba, qui tient des réunions secrète avec le sous-préfet, avait été interpellée puis rapidement relaxée par la diligence du chef de terre. Des agissements qui surprennent de la part d’un représentant de l’Etat.