Paul Biya n’a pas attendu la fin de la guerre dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun. Le gouvernement camerounais a lancé un vaste plan de reconstruction des régions anglophones en crise. Cette mesure a été décriée par certains analystes qui estiment que le gouvernement devrait plutôt s’atteler à trouver des moyens pour faire taire les armes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun.
Dans une interview accordée au journal Mutations, l’avocat Me Felix Agbor Balla salue la démarche du gouvernement. La reconstruction du NOSO est une nécessité pour le défenseur des droits de l’homme. Selon ses explications, le Cameroun ne sera pas le premier pays à exécuter un plan de reconstruction en pleine guerre.
« Entretemps, la vie aussi doit continuer. Les gens doivent repartir dans les champs, les enfants doivent retourner à l’école dans les conditions optimales de sécurité. Les gens doivent célébrer les mariages, etc. J’ai travaillé en Afghanistan. Même pendant la guerre, on reconstruisait. Je vois ce qui est fait au Nord-Ouest et au Sud-Ouest ; c’est appréciable », explique-t-il.
Me Agbor dénonce toutefois la politisation du plan de reconstruction du NOSO. Il juge inutiles et parfois provocateurs, les hommages rendus à Paul Biya sur le terrain.
« Mais, je suis contre cette façon de tout politiser en organisant des meetings pour dire merci au chef de l’Etat. Il ne faut pas donner l’impression de se moquer des gens. Est-ce qu’on a dit merci pour la guerre qui a cours depuis plusieurs années ? Beaucoup perçoivent ce spectacle comme de la provocation », ajoute-t-il.
CamerounWeb vous propose un extrait de la ra réaction de Me Agbor Balla
Oui. Je suis pour la reconstruction. Les pro-gouvernement soutiennent, et ceux qui sont pour la guerre s’y opposent. Moi je dis qu’il faut tenir compte des ravages de cette guerre sur les populations. Il faut juste éviter de politiser ce processus, parce qu’on ne peut pas faire la politique sur tout. Si moi j’habite un quartier ou un village qui a été brûlé, où un hôpital a été incendié et que le gouvernement est en train de les reconstruire, je serai forcément content ! On ne va pas arrêter la guerre par un coup de bâton magique ; il faut continuer à travailler afin de gagner les coeurs. Entretemps, la vie aussi doit continuer. Les gens doivent repartir dans les champs, les enfants doivent retourner à l’école dans les conditions optimales de sécurité. Les gens doivent célébrer les mariages, etc. J’ai travaillé en Afghanistan. Même pendant la guerre, on reconstruisait.
Je vois ce qui est fait au Nord-Ouest et au Sud-Ouest ; c’est appréciable. Mais, je suis contre cette façon de tout politiser en organisant des meetings pour dire merci au chef de l’Etat. Il ne faut pas donner l’impression de se moquer des gens. Est-ce qu’on a dit merci pour la guerre qui a cours depuis plusieurs années ? Beaucoup perçoivent ce spectacle comme de la provocation. Mais, objectivement, la reconstruction est une bonne chose. Mais, cette reconstruction ne doit pas seulement s’arrêter aux maisons ; ce plan doit prendre en compte les déplacés internes, pas seulement en fournissant de la nourriture. Il faut les aider à développer des activités génératrices de revenus. Mon souhait est aussi que la société civile, l’église, les hommes de médias, etc., soient impliquée dans ce processus. On ne peut pas travailler uniquement avec les gens du Rdpc qui, pour certains, ne sont déjà pas bien vus par les populations affectées.