Après la confirmation de la condamnation de l’avocate par la Cour suprême en juin 2015, à 25 ans d’emprisonnement pour détournement de deniers publics, le groupe de soutien à cette dernière, ne cesse de multiplier des actions afin qu’elle recouvre sa liberté.
Hier, 18 février 2016, le groupe a commis un communiqué qui relate les différents événements qui ont précédé la condamnation de l’avocate par le tribunal criminel spécial (TCS) en septembre 2014.
Selon le communiqué relayé par le quotidien Le Messager en kiosque vendredi 19 février 2016, «il faut retenir que pour un recouvrement au départ de 3,6 milliards F CFA et qui a nécessité plus de 15 ans de procédures, Me Eyoum a reversé dans les caisses du Trésor Public 4,7 milliards F CFA, c'est-à-dire la totalité des sommes appartenant à l’Etat ainsi que la totalité des intérêts et n’a retenu que ce qui lui revenait de droit et en parfait accord avec l’État qui l'avait mandatée».
En clair, Me Lydienne Eyoum ne devrait plus séjourner à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé, puisqu’elle n’a pas, au sens formel du terme, détourné de l’argent de l’Etat. D’où les constants rappels du groupe qui la soutient.
Ce Groupe revient chronologiquement sur les épisodes qui ont marqué cette affaire, afin de faire rejaillir leur part de vérité, qui n’est autre que l’innocence de la dame de loi. Voici donc, disent-ils «pourquoi il faut libérer et rétablir dans ses droits Me Lydienne Yen Eyoum». Chronologie des faits: «Le 10 mars 1999, Me Lydienne Eyoum, après de nombreuses actions judiciaires obtient la condamnation de la Sgbc (filiale camerounaise de la Société Générale) et lui fait signifier pour exécution et paiement l'arrêt de condamnation, mais la banque qui s'était engagée auprès du MINEFI à payer, se pourvoit en cassation et sollicite le sursis.
Celui-ci est rejeté. Le 22 août 2000, Me Lydienne Eyoum requiert Me Baleng Maah Célestin, alors huissier de justice à Douala, et fait pratiquer entre les mains de la BEAC et au préjudice de la Société générale de banques au Cameroun, une saisie attribution des créances pour sûreté et avoir paiement de la somme totale de 5.124.497.461,24 Fcfa conformément à l'acte uniforme Ohada sur le recouvrement qui oblige le saisissant à préciser et à chiffrer, le principal, les frais et divers intérêts et autres accessoires.
Le 03 avril 2001, le ministre Akame Mfoumou reçoit par chèque, paiement du principal de la dette, soit 3 637 972 800 Fcfa et par lettre du 03 avril 2001, écrit à la SGBC directement qu’il donnait mainlevée «entière et définitive de cette saisie pour solde de tout compte», une correspondance transmise à l'adversaire de l'Etat à l'insu de son conseil (Me Eyoum) et de l'huissier agent d'exécution requis (Me Baleng Maah Célestin).
Le 24 décembre 2004, sur la demande expresse du ministre délégué chargé du Budget, Henri Engoulou, qui a été informé par l'avocate de l'effectivité du recouvrement, Me Eyoum fait virer la moitié des sommes perçues dans un compte du Trésor public domicilié à la BEAC en attendant qu’un accord soit trouvé pour ses honoraires comme l'a instruit le ministre chargé du Budget qui savait que le moment des comptes viendrait conformément à la loi sur la profession d'avocat ( art 35), l'Etat encaissant ainsi la totalité des intérêts recouvrés après le montant principal perçu en 2001. Le 19 janvier 2005, le ministre de l'Economie et des finances, par une lettre adressée au secrétaire général des services du Premier ministre, précise que l’État avait intégralement perçu les sommes qui lui étaient dues.
Pourtant, tout bascule le 11 janvier 2010 pour Me Lydienne Eyoum lorsqu’elle est transférée à la prison centrale de Yaoundé après «4 jours sans aucune audition de garde à vue». Le 26 septembre 2014, elle est reconnue coupable et condamnée à 25 ans de prison par le Tribunal criminel spécial.
Le 9 juin 2015, la Cour suprême du Cameroun a confirmé cette condamnation pour détournement de deniers publics et condamnée à 25 ans d'emprisonnement ferme ainsi qu'au paiement de la somme de 1 153 444 981 Fcfa solidairement avec feu le ministre Henri Engoulou, jugé alors qu’il est décédé et Honoré Ngwem qui ne vit plus au Cameroun, à titre de dommages et intérêts et à la confiscation de tous leurs biens».
Pour le groupe de soutien à Me Lydienne Eyoum, cette privation de liberté, au regard des faits, est injuste. Mais, pour l’heure, la justice camerounaise continue d’accomplir ce qu’elle sait parfois le mieux faire: «condamner de manière arbitraire». Onana N. Aaron