A l’époque DGSN, le ministre des Transports avait chargé l’ancien ministre des Finances auprès de Paul Biya au sujet de la gestion de la liquidation de l’ex-Oncpb, l’ex-Onpc et l’ex-Regifercam.
L'ancien ministre de l’Agriculture va devoir découvrir qu’il est plus facile d’évoluer dans le monde de la finance à Washington que dans le marigot camerounais. Interné à l’hôpital de la CNPS depuis une dizaine de jours, interdit de sortie du territoire camerounais, Essimi Menye n’a peut-être pas encore la pleine mesure des dossiers à charge contre lui, et l’ampleur des adversités latentes ou patentes qu’il doit maintenant affronter.
Il y en a une qu’on a peu évoquée, qui concerne son conflit avec le cabinet Atou sur la gestion de la liquidation des ex-sociétés d’Etat Oncpb (Office national de commercialisation des produits de base), ONPC (Office national des ports du Cameroun) et Regifercam (Régie nationale des chemins de fer du Cameroun), toutes victimes de l’ajustement structurel. Un dossier qui a beaucoup intéressé le délégué général à la Sûreté national de l’époque, un certain Edgard Alain Mebe Ngo’o, aujourd’hui ministre des Transports.
Les deux ne devaient pas dîner ensemble. Et tous les opposaient. Edgard Alain Mebe Ngo’o, pur produit du système Biya, sécurocrate après avoir été chargé des affaires privées du chef de l’Etat.
Essimi Menye, pendant longtemps le Monsieur Cameroun au FMI, avant de devenir le Monsieur FMI au Cameroun, est un produit de Bretton Woods, ramené dans son pays en 2006 auréolé d’une réputation de financier hors-pair. Il est nommé ministre des Finances en septembre 2007, à la suite du limogeage de Polycarpe Abah Abah, dont il hérite de nombreux dossiers, certains plus chauds que les autres.
Moins de sept mois après sa prise de fonctions, Essimi Menye engage un bras de fer avec le cabinet conseil Atou sur la liquidation de l’ex-Oncpb, ex-Onpc et ex-Regifercam. Le clou de cette opposition a lieu pendant le weekend du 25 au 27 avril 2008. L’enjeu : 35 milliards d’actifs immobiliers et 25 milliards d’actifs financiers.
Selon le compte rendu qu’en fait Edgard Alain Mebe Ngo’o, dans un rapport transmis au président de la République, « la montée de tension s’est manifestée par un esclandre ayant opposé le vendredi 25 avril 2008, des militaires aux gendarmes de la ville de Douala au sujet de la sécurisation des bureaux du cabinet Atou, et par le passage fortement médiatisé dans le chef-lieu de la province du Littoral, chef de département des Finances à la recherche des ferrailles de la Regifercam présumées volées et vendues par le mandataire chargé de la sécurisation desdits actifs. »
L’ancien DGSN est persuadé que le cabinet Atou « fait l’objet de manœuvres et pressions de toutes sortes pour être dessaisi du dossier » de la liquidation des trois ex-sociétés d’Etat.