Les délestages à l’origine de ce désagrément.
En dotant la ville de Meiganga d’une morgue en 2013, l’Etat pensait bien faire. Mais n’avait pas pris en compte les éventuels problèmes d’énergie. Bilan des courses, depuis que la morgue a été officiellement inaugurée, elle n’a reçu qu’une cinquantaine de corps. «Nous n’avons pas d’électricité à Meiganga. Et sans électricité, une morgue ne peut fonctionner. C’est impossible dans ces conditions», explique Njimoke Abdou, chef du district de santé intégré de Meiganga. «On met un corps dans les disquettes à 18 h ; à 18h20, on coupe l’énergie électrique. Et ce, pour une semaine», poursuit-il, non sans croire avoir trouvé un moyen d’aider les familles en détresse, et par la même occasion, de faire fonctionner la morgue.
GASOIL
Pour ce faire, l’hôpital, par ses fonds propres, s’est offert un groupe électrogène. «Quand une famille arrive avec un corps, et comme il n’y a presque jamais d’électricité, on leur propose d’acheter du gasoil pour allumer le groupe qui va alimenter la morgue pour quatre ou cinq heures par jour», confie Njimoke Abdou. Du coup, pour quatre jours de conservation, la famille débourse plus de 16 000 Fcfa pour 30 litres de gasoil, à raison de 540 Fcfa le litre. Elle doit également, avant la levée de corps, payer les frais de morgue qui s’élèvent à 5000 Fcfa la journée.
Des frais qui sont reversés dans les caisses de la mairie. Pour ceux qui ne font pas confiance à la morgue de Meiganga, les corps sont transférés dans les morgues des hôpitaux de Ngaoundéré. «C’est vrai qu’avec le transport, les frais de morgue et tous les autres artifices, la facture est salée ; mais ça vaut la peine. Car, au moins à Ngaoundéré, nous avons la garantie que le corps sera bien conservé», explique Ousmane, un habitant de Meiganga.