Kamerunaises, Kamerunais,C’est la fin de l’année, l’heure des bilans. Tout citoyen, chaque groupe organisé est interpellé d’une façon ou d’une autre dans cet exercice, qui témoigne du sérieux de la personne ou de l’organisation.
L’UPC n’échappe pas à cette exigence ; c’est pourquoi au nom de tous mes camarades, je vous invite ici à partager des préoccupations qui nous semblent d’intérêt, en même temps que quelques perspectives viables pour notre pays.
Chers compatriotes,
Parmi les défis relevés en début d’année 2015, l’UPC avait insisté sur la réalité désormais largement partagée par les kamerunais : que pour véritablement améliorer les conditions de vie des populations, il ne fallait pas attendre grand-chose du pouvoir en place, fatigué, corrompu jusqu’à la moelle et qui a depuis longtemps montré ses limites ; mais, qu’il fallait poursuivre les luttes politiques et sociales ; qu’il fallait que les « progressistes » s’organisent davantage et soient plus solidaires dans l’action, afin de modifier le rapport de forces en faveur du changement véritable que les populations kamerunaises appellent de leurs vœux renouvelés.
Des luttes, il y en a eu tout au long de l’année et l’UPC a soutenu la plupart des combats menés par les kamerunais, pour la défense de leurs droits. Que ce soit, les étudiants, les journalistes, les déguerpis, les handicapés, les marins marchands, les retraités, les victimes de l’insécurité notamment dans les régions septentrionales du pays, les défenseurs des droits humains, les dirigeants et organisations politiques menacés dans l’exercice de leurs activités…, chaque groupe s’est fait entendre et malheureusement encore, à tous les coups, le pouvoir a répondu par la répression.
L’année s’achève osons le dire, en apothéose, avec la 2ème audience du procès de Jean Marc BIKOKO le 23 décembre 2015, au tribunal de 1ère Instance de Yaoundé, par un renvoi inédit : « …le 09 mars 2016, à la demande du Procureur, pour comparution du Sous-préfet et du Commissaire de police… » impliqués dans l’agression barbare qu’ont subie BIKOKO et ses compagnons.
C’est une première en matière de décision de justice au Kamerun. Quel que soit le verdict final, il s’agit bel et bien d’une victoire dans la marche vers le respect du droit et des libertés publiques. Il est opportun de relever à cette occasion la pugnacité des avocats de la défense, Me Moualal Ruben et ses confrères, tout aussi bien que les dispositions encourageantes des magistrats en charge de l’affaire. Tout ceci montre que la lutte paye toujours, et augure des perspectives intéressantes pour l’année 2016.
Par ailleurs, avec d’autres organisations politiques et de la société civile, nous avons engagé la construction d’un pôle de refus du diktat du pouvoir réactionnaire de Yaoundé. Nous sommes fiers de reconnaître en certaines d’entre elles, des partenaires constants avec lesquels, nous posons clairement la revendication pour une transition démocratique dans notre pays, maintenant !
Dans le même temps, nous assurons avec ces partenaires et d’autres encore, la veille pour la défense des libertés publiques et l’incontournable nécessité d’élections libres, justes et transparentes.
Nous avons étendu nos relations jusqu’aux confins de l’acceptable, établissant même un cadre de travail commun avec nos « homonymes de l’UPC » qui ont signé une alliance avec le pouvoir en place ; notre souci est de ratisser large en vue de la recherche de solutions pour le changement véritablement positif dans le pays.
Ainsi, malgré quelques gains non négligeables, une prise de conscience accrue dans la population, 2015 n’a pas été l’année déterminante pour ce changement.
Par ailleurs, attentifs à la marche en avant de l’Afrique dans un monde qui bouge, notre souci à l’UPC en 2015, a été de soutenir, constamment, à la hauteur de nos moyens, les peuples en lutte pour leur souveraineté et leur bien-être. Il en a été ainsi, en particulier à l’endroit du peuple Burkinabé dont la révolution est en marche et mérite de tous les patriotes africains, solidarité, vigilance mais également patience et compréhension.
Ce qui manque …
Face à un pouvoir qui continue de se recroqueviller sur lui-même, ne suit que son propre agenda, n’écoute aucune autre voix, ignore dans un cynisme méprisant les cris du peuple en détresse, y compris ceux réprobateurs de son propre parti le Rdpc rattrapé par des manœuvres électorales malsaines régulières ;
Face à un pouvoir dont les projets de développement consistent essentiellement en un grand marché de prébendes dans lequel les différents clans et copains se partagent les retombées, au mépris de la détresse d’une jeunesse en perdition, livrée à des aventures périlleuses ou perverses ici même ou vers des horizons incertains ; au mépris d’une population paysanne progressivement dépossédée de sa terre ancestrale ;
Face à un pouvoir qui n’a plus que l’alibi de l’insécurité à brandir pour justifier les hausses répétées de prix des denrées de première nécessité, le désengagement continu des services publics et la privatisation du peu qui reste dans le portefeuille de l’Etat ;
Oui, face à tout cela…Il faudrait une force organisée plus construite et plus conséquente, au service du peuple mobilisé pour l’amélioration de ses conditions de vie et la reprise en main de son pouvoir confisqué.
Il faudrait davantage d’engagement, de détermination, de constance et de dynamisme dans l’action.
C’est à ce prix et à ce prix seulement, que le rapport de forces s’établira en faveur du changement véritable dans notre pays.
Alors qu’elle année 2016 ?
La revendication pour une transition démocratique, maintenant, doit être l’arme fatale pour sortir le peuple kamerunais de ce bourbier. Il en sera fortement question cette année, sous le nom de « la Dynamique Sauvons le Cameroun ».
Cette transition en marche, propose au peuple kamerunais de se donner lui-même les moyens de poser les fondements d’une transformation de notre société sur une base consensuelle et démocratique, avec des institutions légitimes pour le bien-être des populations.
Elle consistera en la mise en place d’un Gouvernement de Transition dont le cahier de charges pourrait comporter, dans un délai raisonnable à convenir, des dispositions parmi les suivantes :
1. La restauration effective et immédiate des droits et libertés fondamentales ;
2. La refonte du système électoral afin de garantir des élections crédibles, incluant la nécessité d’une Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) ;
3. L’amorce de la restauration de la mémoire collective des luttes du peuple kamerunais (nouvel adressage des rues et lieux publics, récupération des archives, etc…) ;
4. L’organisation d’une redéfinition collective des lois fondamentales qui régissent la vie de la Nation.
5. La mise en place d’une série de premières mesures sociales et économiques assurant des services de base pour les populations.
L’UPC, toujours soucieuse du devenir de notre pays et jalouse de la souveraineté du peuple kamerunais, est partie prenante de cette initiative. Elle invite tous les kamerunais où qu’ils se trouvent à s’y intéresser et à se mobiliser pour contribuer à sa réussite.
Tel est, chers compatriotes, l’un des principaux enjeux que l’UPC souhaite partager avec vous à l’aube de la nouvelle année, pour l’avènement dans notre pays d’une société de liberté, de souveraineté, de progrès et de justice, dans une Afrique unie et la coopération saine avec tous les autres peuples de monde.
« Un autre Kamerun est possible, d’autres choix sont nécessaires ».
Bonne année 2016 à toutes et à tous !
Douala, le 30 Décembre 2015.
NDEMA SAME Alexis
Président de l’UPC